Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale viendra en première lecture à l'Assemblée nationale du 23 au 25 octobre. Les parlementaires communistes ont invité les professionnels de santé à les rencontrer, pour leur donner l'occasion d'exprimer leurs souhaits sur ce texte.
Les échanges étaient menés sous la houlette de Guy Fischer, sénateur communiste du Rhône et vice-président du sénat.
Dans la salle, Nathalie Goncalves, infirmière à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, a fait part du souhait de ses collègues d'être soutenues dans leur combat contre l'accord sur les 35 heures signé le 27 septembre par quatre syndicats hospitaliers « représentant au total seulement 35 % des salariés ». « Cet accord nous ramène à la maison, a expliqué la jeune femme en décrivant « la "galère" des infirmières vivant seules, qui ne voient pas quelles solutions elles trouveront pour faire garder leurs enfants avec les horaires anarchiques que prévoient cet accord ».
Des actes de violence
Dans un témoignage émouvant, une infirmière de l'hôpital Marchant de Toulouse, entièrement soufflé lors de l'accident du 21 septembre, a exprimé le désarroi du personnel qui, vingt jours après la catastrophe, continue à prendre en charge les 360 malades répartis sur 92 sites, sans qu'aucune relève ne soit arrivée malgré la demande des salariés épuisés.
Ils ont hâte de savoir quels locaux vont être attribués à l'établissement sans murs, et dans quel délai. « Si l'on ne fait rien, le privé lucratif, qui représente déjà plus du double des lits et places à Toulouse, prendra la place », s'est inquiétée cette militante CGT.
Financements supplémmentaires
Un chef de service de l'hôpital Henri-Mondor a décrit, pour sa part, la violence intolérable que subit le personnel dont il a la responsabilité : « D ans mon service, il y a eu l'an dernier 35 accidents du travail pour violence sur les soignants avec certaines agressions très graves. Cela fait trente ans que je vois la situation des hôpitaux se dégrader, j'ai souvent envie de démissionner. »
Très à l'écoute, les parlementaires communistes ont rappelé les engagements qu'ils ont pris le 26 septembre lors d'une journée de travail à Bobigny sur l'avenir des hôpitaux. Malgré les avancées importantes que constituent selon eux le protocole de mars 2000 et la récente annonce de création de 45 000 postes pour la mise en place de la réduction du plan de travail, ils souhaitent intensifier leur actions pour obtenir des financements supplémentaires. Car,
« sans financement, ces postes risqueraient de se traduire par des coupes sombres dans l'activité hospitalière avec une nouvelle aggravation des conditions de travail à l'hôpital »,expliquent-t-ils aux professionnels de la santé.
Les élus communistes souhaitent donc en finir avec la multiplication des exonérations de cotisations patronales à la Sécurité sociale. Ils veulent que soit tenue la promesse faite en 1997 de réformer ce système d'exonérations. Et ils réclament un plan d'urgence pour la formation de tous les personnels hospitaliers (réouverture des écoles d'aides soignantes et d'infirmières, rétablissement du paiement des études, relèvement important du
numerus claususpour les médecins). Ensuite, ils demandent la réouverture des négociations sur les 35 heures
« dont il serait inconcevable que la mise en place se traduise par une dégradation des conditions de travail ».Enfin, les élus du PC veulent qu'on donne à l'hôpital les moyens immédiats dont il a besoin, en supprimant notamment les taxes que l'Etat prélève sur son budget, dont la taxe sur les salaires et la TVA.
« Des réponses gouvernementales à nos amendements, et particulièrement sur les trois points ci-dessus, dépendra notre vote final sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale »,ont-ils assuré à leurs interlocuteurs.
La députée communiste des Hauts-de-Seine, Jacqueline Fraysse, est même allée plus loin, puisqu'elle demandera à son groupe de voter contre le projet de loi,
« s'il ne bouge pas significativement ».
Les hôpitaux au « bord de la catastrophe »
Les hôpitaux, a-t-elle ajouté « sont au bord de la catastrophe. Il faut augmenter nettement l'enveloppe globale (pour les établissements hospitaliers) et prendre des mesures fortes en matière de formation des personnels médicaux et paramédicaux, sinon la mise en place des 35 heures ne se fera pas dans de bonnes conditions ».
Enfin, rappelant au gouvernement qu'aux élections législatives de 1997, le plan Juppé avait été « un facteur déterminant dans la défaite de la droite », Jacqueline Fraysse a estimé que rien n'avait vraiment évolué depuis la publication de cette réforme et elle a vivement regretté que la gauche n'ait pas rompu « avec la logique comptable des dépenses de santé ».
D'où les menaces du parti communiste de ne pas voter le PLFSS 2002 en l'état, conformément à ce qu'il a fait les années précédentes. Mais cette menace n'a jamais été mise en application et, la plupart du temps, les députés communistes, dans leur grande majorité, se sont toujours abstenus lors des votes du texte, ce qui a permis son adoption au terme du débat.
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