« Longtemps, j’ai eu plus de mal de parler avec des femmes plutôt qu’avec des hommes. À la suite de mon cancer du sein, j’avais en effet l’impression d’être une sous-femme », explique en substance l’une des femmes qui témoigne dans ce beau documentaire. Faudrait-il toujours suppléer au sein manquant, absent, proposer une reconstruction mammaire ou prothèse après un cancer ? Est-ce là le début d’une nouvelle conquête pour les femmes, revendiquer le droit à la différence, celle d’une poitrine asymétrique à l’images des amazones, guerrières en lutte dans la mythologie grecque ? On est ici à distance de la maladie, loin de l’hôpital, des souffrances aiguës, de la peur de la mort. Ce qui blesse, ce n’est plus le scalpel, mais les mots. La douleur, les sanglots étouffés sont provoqués non plus par les « chimios », mais par un regard appuyé, blessant. D’où l’absence des médecins, des psys, des soignants. Le discours savant, professionnel n’a pas sa place. Quelle serait sa légitimité, sa valeur ajoutée face à ces femmes blessées, à leurs compagnons qui ont retrouvé peu à peu le chemin du désir ? Le guide doit être plutôt expert en regard, spécialiste de la belle image, un photographe donc comme Art Myers, dont le travail est depuis plusieurs années consacré à ces femmes mutilées par la maladie. L’enjeu en dévoilant ces seins uniques est clairement de modifier le regard du spectateur, de transformer un simple cliché en instrument de combat contre le diktat absolu du corps jeune, triomphant, disposant seul du droit à l’érotisme. La maladie transforme le corps. Il n’y a pas de retour possible à la vie d’avant. Après un cancer du sein, faudrait-il faire comme si rien ne s’était produit ? La pose d’un nouveau sein doit-elle être la seule solution ? Ce film où toutes ces histoires de femmes se terminent bien ouvre la question et n’a pas de happy end.
Viv(r)e le sein unique
Publié le 24/05/2010
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Le corps Amazone, un documentaire d’Anja Unger.
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Source : Décision Santé: 265
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