A chaque femme - il y en a 8, on l'aura deviné - sa fleur, sa couleur, sa ou ses référence(s) hollywoodiennes. Dynamisé par le succès mérité de « Sous le sable », avec Charlotte Rampling, François Ozon, 34 ans, a pu réunir la fine fleur du cinéma hexagonal et les faire chanter, danser ou se crêper le chignon sans qu'aucune tente de tirer la couverture à elle.
Et pourtant : Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Emmanuelle Béart, Fanny Ardant, Virginie Ledoyen peuvent chacune revendiquer le premier et seul grand rôle, comme Danielle Darrieux dans les années quarante et cinquante. Au départ, Ozon voulait faire un « Women » à la française. « Women », tout cinéphile qui se respecte vous le dira, a été réalisé en 1939 par l'un des cinéastes qui a le mieux filmé les femmes, George Cukor (« My Fair Lady », entre bien d'autres). Mais les droits de remake ont été retenus il y a quelques années par Julia Roberts et Meg Ryan. Il fallait donc trouver un autre canevas pour réunir nos vedettes. Ce fut une uvre de Robert Thomas, auteur de pièces policières qui eut son heure de gloire. Son intrigue à la Agatha Christie (dans une maison coupée du monde, une victime prénommée Marcel et huit suspectes) a servi de base au cinéaste pour mettre en scène l'un de ses sujets favoris (voir « Sitcom », son premier film de 1997), les relations familiales avec les non-dits et les ambiguïtés sexuelles.
Vu le sujet, ce pourrait être un sombre drame. Mais Ozon est avant tout un metteur en scène, un amoureux du cinéma et son matériau de base étant des actrices à la forte personnalité, il a joué de toute l'étendue de la palette qu'il s'était offerte.
Cela se passe dans les années cinquante et le côté démodé, avec ces robes trop habillées et ces poses théâtrales, contribue au plaisir du spectateur, quel que soit son âge, tout comme les chansons ne datant pas d'hier que chacune des protagonistes interprète à son tour*. Et cela d'autant plus que robes, coiffures, allures, chorégraphies renvoient aux grandes actrices hollywoodiennes, de Lana Turner à Rita Hayworth en passant par Ava Gardner ou Bette Davis. « 8 femmes » est un film à séquences gigognes, chaque niveau offrant un bonheur différent.
Mais bien sûr, tout le talent - et il est grand - du réalisateur n'aurait rien été si ses actrices n'avaient joué le jeu. Elles ont eu toutes les audaces sans chercher à éclipser leurs camarades. Outre les six citées plus haut, il ne faut pas oublier Firmine Richard (« Romuald et Juliette ») et la jeune Ludivine Sagnier, à la hauteur de ses aînées. Vive les actrices et ceux, pas si nombreux, qui savent les filmer !
* Les 8 chansons et la musique originale de Krishna Levy en CD édité par Warner Music.
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