CLASSIQUE
PAR OLivierBrunel
F ONDE en 1933, avant même l'American Ballet de George Balanchine et à ce titre la plus ancienne compagnie des Etats-Unis, le San Francisco Ballet, avec ses 69 danseurs de tous horizons (dont 3 Français) est dirigé depuis 1985 par Helgi Tomasson, danseur islandais formé au Danemark et ancien de Balanchine et de Robbins.
On n'est donc pas étonné de trouver dans le premier programme de cette seconde visite à Paris (la première date de 1994) deux de ses créations, « Prism » une grande pièce en trois mouvements calquée sur le Premier concerto pour piano de Beethoven à l'indéniable influence balanchinienne et « Chaconne for piano and two dancers » sur la « Chaconne en sol majeur » de Haendel, vibrant hommage à Jerome Robbins.
Si l'ombre de Balanchine plane bien sur « Prism » (2000), la pièce est trop longue pour les idées développées. Hormis le second mouvement, véritable moment de grâce et d'épure évoluant progressivement jusqu'à ne laisser en scène que le couple formé par Pierre-François Villanoba et la très gracieuse Yuan Yuan Tan dans une série de portés originaux, acrobatiques tout en restant parfaitement aériens. Le premier mouvement se répète trop et le troisième semble écrit pour faire briller la technique du Cubain Joan Boada que Paris connaît bien en tant qu'ancien du Jeune Ballet de France.
En revanche, « Chaconne », joli divertissement sur le mode de la variation écrit en 1999 pour deux danseurs (dansé ici à ravir par Joanna Berman et Roman Rykine), possède plus de force dans le strict cadre de ses huit minutes. « Night », de Julia Adam, sur une musique originale de Matthew Pierce (2000) est de ces pièces qui, mélangeant les styles et exploitant des images plus que des idées, ne laisse pas un souvenir très durable. Quant à la « spécialité de la maison », « Sandpaper Ballet », sur des musiques enregistrées de Leroy Andersen dans le plus pur style « pop » américain, avec ses costumes couleur grenouille et sa danse hybride allant de l'inutilement compliqué à l'amateurisme façon fête d'université, c'est affaire de goût ! On avoue de loin préférer voir des vraies majorettes à une démonstration de kitsch frisant le style Holiday on ice.
Comme second programme, c'est un ballet en trois actes de 1997 de Lar Lubovitch, le chorégraphe fétiche du couple de patineurs Duchesnay, sur une musique originale de Elliot B. Goldenthal d'après « Othello », une de ses coproductions avec l'American Ballet Theater, qu'a présenté le San Francisco Ballet pour la première fois en Europe.
Ce type de création en trois parties est difficile à monter outre-Atlantique où de frileux sponsors sont en fait les décideurs. Peut-on penser qu'ils ont tort devant une structure dont l'élément dramatique est cruellement absent, au moins pendant les soixante premières minutes consacrées aux éléments décoratifs du mariage d'Othello et Desdémone ou aux danses à la « West Side Story » des marins cypriotes fêtant le retour victorieux du Maure ? Shakespeare puis Verdi et Boïto ne s'y étaient pas trompés qui avaient sabré dans tout cet anecdotique au profit des résultats que l'on sait. Seul le credo de Iago, solo d'une indiscutable modernité dansé avec maîtrise par Parrish Maynard, créateur du rôle à New York en 1997, apporte un petit frisson au premier acte. A la fin du second, l'épisode clé du mouchoir est traité alla virtuoso comme un tour de magie au point que l'on met au défi qui ne connaît bien son « Othello » de deviner ce qu'il s'est passé. Le troisième acte est plus dramatique, passionnel, violent même. Il repose sur la personnalité de Yuri Possokhov qui, à défaut d'être noir comme le danseur de la création, est d'une brutalité très contrôlée. C'est la très touchante Yuan Yuan Tan qui essayait de donner quelque relief à Desdémone dans cette chorégraphie assez inéquitable pour les femmes. La musique d'Elliott B. Goldenthal ne procède pas par leitmotivs comme dans le ballet romantique mais plutôt à la manière des musiques de film dont il est spécialiste. Cet élève d'Aaron Copland a composé une partition patchwork qui utilise autant les structures traditionnelles dans les moments descriptifs que les bases de la musique new age notamment pendant le troisième acte. Deux chefs, Emil de Cou et Scott Speck, et un pianiste, Roy Bogas, ainsi que l'Orchestre Colonne ont assuré à ces soirées un indéniablement haut niveau musical.
Opéra-Garnier (08.36.69.78.68). Prochain spectacle chorégraphique : « Le Songe d'une Nuit d'été », chorégraphie de John Neumeier, du 26 juin au 13 juillet.
Avant-premières
Fin de saison « Shakespeare » au ballet de l'Opéra de Paris
F IN de saison en beauté et placée sous le signe de William Shakespeare pour le Ballet de l'Opéra de Paris avec un pilier du répertoire, le « Roméo » de Noureev et le retour après dix ans d'absence du « Songe d'une nuit d'été » qui sera repris par John Neumeier.
Le Ballet de l'Opéra de Paris reprend au palais Garnier la chorégraphie et mise en scène de John Neumeier créé en 1977 et entrée à son répertoire en 1982 du « Songe d'une nuit d'été » d'après William Shakespeare, qui a participé à la réputation mondiale de son chorégraphe.
Dansé sur la partition de Mendelssohn pour l'action de Cour, sur une musique surnaturelle de Ligeti pour celle de la Forêt et avec le recours d'une musique d'orgues mécaniques pour les comédiens, ce « Songe » garde, vingt-cinq ans après sa création, la fraîcheur, la clarté et la magie qui font l'essence des grands ballets et dont John Neumeier semble s'être définitivement approprié le secret.
Pour cette reprise de quinze représentations alterneront dans le rôle de Titania, la Reine des fées, Elisabeth Platel, étoile invitée (27 et 29 juin) et Aurélie Dupont, la plus jeune des étoiles nommées, ainsi que Delphine Moussin et Eleonora Abbagnato.
« Roméo et Juliette » dans la magnifique et spectaculaire chorégraphie de Rudolf Noureev (1984) remplira encore la salle de l'Opéra-Bastille pour quatorze représentations dont la fameuse matinée gratuite du 14 juillet (2). Plusieurs distributions pour le couple vedette dont Fanny Gaïda et Nicolas Le Riche, Sylvie Guillem (invitée exceptionnelle les 26, 28 et 29 juin) et Laurent Hilaire, Elisabeth Maurin et Manuel Legris, Agnès Letestu et Nicolas Le Riche et ne pas manquer un des espoirs les plus certains du ballet : Benjamin Pech (13 juillet) avec Elisabeth Maurin.
(1) Opéra Garnier (08.36.69.78.68) les 26,27, 28, 29, 30, 31 juin ; 2, 3, 4, 5, 6, 9, 10, 11, 12 et 13 juillet à 19 h 30.
(2) Opéra-Bastille (08.36.69.78.68) les 20, 23, 26, 28, 29 juin ; 3, 4, 6, 11, 13, 16 juillet à 19 h 30 ; le 14 juillet à 15 h (matinée gratuite dans la limite des places disponibles).
Bach à la Sainte-Chapelle
A l A Sainte Chapelle, dans une acoustique idéale pour les instruments à cordes, cinq artistes de renommée internationale vont essayer de répondre à la question : « Doit-on jouer Bach sur des instruments anciens ou sur des instruments modernes ? ».
Avec l'intégrale de l'uvre pour violon et violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach jouée sur instrument moderne et sur instrument d'époque, le public pourra écouter, à 19 heures, trois uvres interprétées au violon moderne et à 21 heures trois uvres sur violon baroque puis à 19 heures trois uvres interprétées sur violoncelle moderne et à 21 heures trois uvres sur violoncelle baroque.
Rachel Podger et Andrew Manze, violon baroque, et Léonidas Kavakos et Anton Barachovsky, violon moderne, seront les artistes invités pour cette intégrale des sonates et « Partitas pour violon seul » et Peter Wispelwey, en alternance sur les deux instruments, pour les « Suites pour violoncelle » seul de Bach.
Les internautes pourront assister, les 17 et 18 juillet à 19 heures et 21 heures, en direct sur Internet, au cycle complet des six « Suites pour violoncelle seul » sur instrument moderne et sur instrument baroque par Peter Wispelwey. Ils pourront surfer selon leurs envies et découvrir un film réalisé en direct et composé d'images de la Sainte-Chapelle, notamment de ses magnifiques vitraux, et pourront naviguer dans un mini-site composé de photos et de textes sur la Sainte-Chapelle, sur Bach, sur les artistes, sur leurs instruments... Ce mini-site sera téléchargeable jusqu'en décembre 2002 à partir du site des monuments français, www.monum.fr.
Vingt concerts du 10 au 20 juillet 2001 à 19 heures et à 21 heures. Quatre concerts « live » sur Internet, les 17 et 18 juillet.
Réservations 15 jours à l'avance : 01.40.51.60.90 et www.ticket-net.fr . Prix des places : 190 F (réduit : 140 F).
Les festivals de l'été
Vitrine hongroise
Le treizième Festival de Colmar rendra hommage au violoniste hongrois Joseph Szigeti (1892-1973). La part sera faite belle au violon avec la présence de jeunes interprètes tels J[151]zsef Lendvay, Krist[151]f Bar[135]ti, Barnab[135]s Kelemen, Dénes Varj[151]n aux côtés de musiciens confirmés comme Vadim Repin, Laurent Korcia, Renaud capuçon et Sasha Rozdestvensky.
Du 4 au 15 juillet Renseignements et réservations : 03 89 20 68 97.
Lyrique chic et cher
Le Festival d'art lyrique d' Aix-en-Provence présente à des tarifs vraiment excessifs (de 150 à 1 200 F ) : « Falstaff » de Verdi mise en scène H. Wernicke, direction E.P Salonen, « Les Noces de Figaro » de Mozart dirigées par Mark Minkowski, « Carnet d'un disparu » de Jan[135]cek avec Alain Planès et « Turn of the Screw » de Britten mis en scène par Luc Bondy, ainsi que quelques concerts. Les spectacles sont retransmis par France Musiques.
Du 6 au 29 juillet. Renseignements et réservations : 04 42 17 34 00.
Musique à l'Orangerie
Vingt et un récitals et concerts de musique de chambre à 17 h 30 pour l'été dans l'Orangerie du parc de Sceaux qui n'est qu'à six kilomètres de Paris.
Du 8 juillet au 16 septembre Renseignements et réservations : 01 46 60 07 79.
On danse aussi à Aix
Depuis plus de vingt ans, « Danse à Aix » offre à côté du Festival d'art lyrique une grande variété de styles chorégraphiques. Cet été, John Neumeier et son ballet de Hambourg (Le Messie), le Ballet de Lorraine et le Ballet Preljocaj feront rêver le public de cette manifestation phare de l'été chorégraphique.
Du 16 juillet au 5 août. Renseignements et réservations : 04.42.23.41.24.
Jolie saison à Vichy
L'Opéra de Vichy propose une jolie saison estivale : « La favorite », de Donizetti, avec Béatrice Uria-Monzon (7/7), le formidable programme de ballets du Ballet Biarritz en « Hommage aux Ballets Russes », de Thierry Malandain (18/8), « La Belle au Bois dormant » par le Ballet du Capitole de Toulouse (7/9), « Madame Butterfly » de Puccini par l'Opéra Royal de Wallonie (25/8) et « La Traviata » de Verdi (21 et 23/7) ainsi que beaucoup de surprises (Arturo Brachetti, Anne Roumanoff, Michel Leeb).
Jusqu'au 13 octobre Renseignements et réservations : 04.70.30.50.30.
Festival trentenaire
Dans la magnifique Abbaye aux Dames de Saintes (Charente-Maritime), les Académies musicales, sous la direction de Philippe Herreweghe, fêtent leur trentième anniversaire en pratiquant tout sauf l'académisme avec la célébration de cinq siècles de musiques.
Du 15 au 23 juillet Renseignements et réservations : 05.46.95.94.50.
Variations sur le thème du rare
Au programme du Festival de Radio-France et Montpellier Languedoc-Roussillon, des opéras rares comme le « Cavalleria Rusticana », de Pietro Mascagni, rare certes mais joué en regard de celui rarissime lui de Domenico Monleone, « Li Zite [212]ngalera », de Leonardo Vinci, rareté absolue, et deux créations « Notre-Dame de Paris », de Franz Schmidt, et « Resurrezione », de Franco Alfano. Et aussi les pianistes Evgeni Kissin, Boris Berezovski, Grigory Sokolov, Andrea Lucchesini et même Gérard Depardieu en récitant de la création française de « l'Histoire du petit tailleur », de Tibor Hars[135]nyi.
Du 13 juillet au 1er août. Renseignements et réservations : 04.67.02.02.01.
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