ON PRÉSUME que la survenue de la maladie de Parkinson (MP) dépend d'une combinaison de facteurs comportant au minimum les effets de la génétique, du vieillissement et de certains éléments de l'environnement. Ces facteurs sont source de stress oxydatif, une composante physiopathologique reconnue de la maladie.
Existe-t-il un effet protecteur des antioxydants apportés par l'alimentation ? La question a été posée de longue date. Les résultats de certaines études suggèrent qu'un régime riche en vitamine E (alpha tocophérol) pourrait protéger contre la MP. Mais d'autres études ne montrent pas cet effet. Mais que penser des autres antioxydants alimentaires : les caroténoïdes (notamment le bêta-carotène) ou la vitamine C (acide ascorbique) ?
En utilisant des techniques de méta-analyse, Mahyar Etminan et coll. (Université de Montréal) ont tenté de clarifier le produit d'un pool de données.
L'objectif principal de l'étude a été de déterminer si les vitamines C, E et le bêta-carotène réduisent le risque de MP. L'objectif secondaire a été de savoir si la quantité apportée par l'alimentation et éventuellement par des compléments alimentaires produit des bénéfices différents. On a comparé des consommations élevées et des consommations modérées.
Consommations des trois vitamines.
La méta-analyse a porté sur huit études publiées entre 1996 et 2005 (trouvées sur Medline, Embase et à la bibliothèque Cochrane). Ces études se décomposent en six études cas-témoins, une étude de cohorte et une étude transversale. Elles ont été choisies sur la base d'une mention claire des consommations des trois vitamines (prise de compléments alimentaires et composition du régime). Les patients ont été divisés en quintiles selon les prises.
Les résultats indiquent qu'une prise modérée de vitamine E semble réduire le risque d'apparition de MP : risque relatif de 0,81 (IC 95 % 0,67-0,98).
Une tendance à un effet dose-réponse est observée pour les prises importantes de vitamine E (RR 0,78, IC 95 % 0,57-1,06), sans que cela soit significatif (sans doute en raison du faible nombre d'études). Aucun effet n'apparaît dans les quintiles de prises moins importantes.
Pour les autres types de vitamines étudiées, aucun effet notable ne se manifeste.
Les résultats de cette méta-analyse n'indiquent pas que la supplémentation ait un intérêt. Une étude suggère que des suppléments synthétiques n'apportent pas les mêmes bénéfices que les sources alimentaires. « Les vitamines E en compléments alimentaires qui sont présents sur le marché sont pratiquement tous synthétiques, présentés sous la forme de tocophérol racémique ; ils ne possédent pas la même bioréactivité que l'alpha tocophérol présent dans la nourriture. » La pénétration cérébrale est plus importante sous la forme naturelle.
Un mode de vie général.
« Un risque réduit de MP associé à une prise élevée de vitamine E peut être dû à un mode de vie général et non à la présence de la vitamine elle-même. »
« Le résultat de la méta-analyse doit être confirmé par des études contrôlées, randomisées », indiquent les auteurs qui mentionnent les limites de leur publication, liées aux biais inhérents aux études incluses : études d'observation, cas-contrôle, protocoles disparates, nombre limité des publications.
Quant aux différences de résultats selon les études, elles peuvent s'expliquer par le fait que les signes cliniques de MP n'apparaissent pas avant le moment où plus de la moitié des neurones nigro-striés ont été perdus. La vitamine est probablement moins active à ce moment-là que lors de la phase pré-symptomatique.
« Lancet Neurology », vol. 4, juin 2005, pp. 362-365.
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