Alors que les plans sociaux se sont succèdés dans ce secteur ces dernières années, le métier de visiteur médical a-t-il encore un avenir ? Il semble que oui, puisqu’on attend, en principe pour le mois de janvier, la présentation d’une nouvelle "Charte de la visite médicale" qui a été négociée au long de 2013 entre le Comité économique des produits de santé (CEPS) et le Leem (Les entreprises du médicament). Sans attendre ce document officiel, qui régira le secteur en prenant la suite de la Charte de 2005, plusieurs études prospectives ont tenté ces derniers temps d’éclairer l’avenir de cette profession. l’Aqim (Association pour la qualité de l’information médicale) vient de rédiger un "Livre blanc". Le document résume les enjeux de la profession, mais suggère aussi plusieurs pistes pour améliorer la qualité de la VM.
Faut-il s’en étonner ? Ces propositions concernent de très près les prescripteurs. A commencer par les médecins de ville. Marie-Noëlle Nayel, patronne de l’Aqim, est en effet convaincue du rôle irremplaçable de la viste médicale pour le bon usage du médicament. Et son Livre Blanc part en guerre contre la pratique, de plus en plus répandue, du ciblage sur les plus importants prescripteurs; une tendance qui explique qu’aujourd’hui, seule une partie des médecins généralistes se voient solliciter par les VM. Si cela devait s’étendre, Marie-Noëlle Nayel prédit que "des généralistes vont souffrir d’être de moins en moins vus, avec des conséquences dommageables sur certaines classes thérapeutiques, notamment les antibiotiques". A la place, le Livre Blanc propose l’abandon du ciblage, quitte, par exemple, à développer la visite médicale par téléphone dans certains cas.
Et si on demandait leur avis aux médecins ?
Le document suggère aussi de rapprocher davantage la VM des attentes des médecins. Il regrette que corps médical n’ait guère été associé aux instances de mesure de la qualité de la VM, pourtant officiellement mises en place ces dernières années. Et il va plus loin, suggérant que les médecins de ville soient sollicités pour évaluer le discours du délégué médical dans des exercices de "mise en situation".
Le Livre Blanc s’intéresse aussi à la question très controversée de la visite médicale à l’hôpital, alors que le concept de visite médicale collective" semble abandonné, quoique que prévu par la loi Bertrand. Et de suggérer que chaque laboratoire puisse passer convention avec les CME hospitalières, afin de définir avec ces dernières une politique de formation et d’information autour du médicament, qui serait dispensée, non seulement aux PH, mais à l’ensemble d’une équipe de soin, si nécessaire. "Devant la complexité des produits d’aujourd"hui, ce n’est pas 15 000 visiteurs comme aujourd’hui, mais 30 000 qu’il faudrait", lance un rien provocatrice, Marie-Noëlle Nayel.
Le Livre Blanc ne fait pas l’impasse sur la refonte du mode de rémunération des VM. Et il insiste pour que que la part variable de la rémunération du visiteur médical puisse dépendre à l’avenir de critères qualitatifs et non plus seulement quantitatifs comme c’est encore souvent le cas aujourd’hui. C’est faisable, martèle l’Aqim, dont un des savoir-faires est précisément de mesurer la qualité de la VM vue par les médecins. D’ailleurs, Marie-Noëlle Nayel, rappelle que certains groupes pharmaceutiques s’y sont déjà convertis.
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