La viscosité du liquide articulaire est due à un polysaccharide, l'acide hyaluronique, présent normalement en grande quantité dans l'articulation. Dans l'arthrose, il existe un déficit qualitatif et quantitatif d'acide hyaluronique, ce qui entraîne une diminution de la viscosité du liquide synovial et donc une vulnérabilité du cartilage. Pour y remédier, la visco-supplémentation a été mise au point il y a plusieurs années. Il s'agit d'un traitement local qui consiste à injecter de l'acide hyaluronique dans l'articulation douloureuse. Si l'objectif initial était d'augmenter la viscosité, force est de constater aujourd'hui que le mode d'action du produit n'est pas encore bien élucidé. En effet, l'acide hyaluronique procure parfois un effet antalgique de plusieurs mois (6 à 8), alors que le temps de résidence dans l'articulation n'est que de quelques heures. Le concept de visco-supplémentation semblerait ainsi dépassé... L'hypothèse est celle d'une visco-induction : l'acide hyaluronique injecté pourrait favoriser la production locale d'acide hyaluronique. Cela expliquerait un effet particulièrement rémanent : une série d'injections une fois par semaine pendant 3 à 5 semaines pourrait être efficace pendant plusieurs mois.
Dans la littérature, un grand nombre de données ont montré l'existence d'un effet antalgique de l'acide hyaluronique avec diminution de la douleur et de la gêne fonctionnelle, mesurée par différents indices (indice de Lequesne...). Dans la grande majorité des cas, les essais ont été positifs et ont montré une efficacité supérieure de l'acide hyaluronique par rapport à un placebo. Seuls quelques essais ont été négatifs (4 à 5 sur une vingtaine). Les effets secondaires sont maintenant bien connus. Dans environ 7 % des cas, il se produit un épanchement du genou dans les 24 à 48 heures suivant la première injection. En revanche, on ne sait pas très bien définir le profil des patients répondeurs. Et l'on ne dispose pas, actuellement, de critères qui permettent de préjuger de l'efficacité de l'acide hyaluronique chez un patient. Par ailleurs, il existe aujourd'hui sur le marché une profusion d'acides hyaluroniques. Ceux-ci diffèrent par leur poids moléculaire, leur mode d'extraction et leur dossier scientifique, mais aucune différence clinique patente n'a vraiment été démontrée. C'est surtout l'hylane GF20 (une forme de hyaluronate de sodium en partie réticulée) et un hyaluronate de sodium (Hyalgan) qui ont fait l'objet de nombreuses études probantes, en sachant que l'effet chondroprotecteur n'a pas été formellement démontré.
La visco-supplémentation peut être proposée aux personnes qui souffrent d'une arthrose du genou non inflammatoire, c'est-à-dire sans épanchement abondant, résistant aux traitements médicaux. Elle semble un peu plus efficace sur des arthroses stade 2-3 , mais certaines études ont néanmoins montré une efficacité dans les arthroses très évoluées, pouvant constituer une solution d'attente avant l'intervention. Rappelons que l'injection ne peut être pratiquée que par des rhumatologues, des médecins rééducateurs et des chirurgiens orthopédistes. Au total, il s'agit d'une solution thérapeutique intéressante, lorsque la douleur arthrosique résiste au traitement médical classique (antalgique, anti-inflammatoire...).
D'après un entretien avec le Pr Xavier Chevalier, chef de service de rhumatologie, CHU Henri-Mondor, Créteil.
L'acide hyaluronique et la hanche
Un seul produit en France a obtenu une extension d'indication depuis quelques mois. Il s'agit de l'hylane GF20 (Synvisc). Outre la gonarthrose, il est également indiqué dans le traitement de l'arthrose de la hanche, peu inflammatoire. A cet égard, l'acide hyaluronique a montré son efficacité dans une étude ouverte (Chevalier X., Bertin Ph., Conrozier T. et coll.) sur 60 malades atteints de coxarthrose qui va être prochainement publiée (Clin Exp Rheumatol).
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