L'EXISTENCE d'un lien entre l'attrait exercé par le visage de la femme et la fécondité féminine a été suggérée par diverses études, mais l'hypothèse évolutionniste manquait, jusqu'ici, de preuves objectives. Une équipe de psychologues et de médecins écossais montre aujourd'hui que cette association a un support hormonal : les jeunes femmes les plus attrayantes tendent aussi à avoir des taux d'estrogènes plus élevés. Or on connaît la corrélation entre ces derniers et plusieurs paramètres de la fécondité (taille des follicules, qualité ovocytaire, épaisseur de l'endomètre, etc.).
Dans une étude conduite chez 56 étudiantes (âgées de 18 à 24 ans) de l'université de St Andrews (au nord d'Edimbourg) (1), trois critères (féminité, attrait physique, apparence de bonne santé) ont été évalués à partir de photographies du visage des participantes. Ces photos ont été prises par les examinateurs chaque semaine pendant quatre à six semaines et soumises au jugement de 15 femmes et de 14 hommes, également étudiants, âgés de 18 à 25 ans. Les participantes n'avaient pas pris de contraceptifs dans les quatre-vingt-dix jours précédant l'étude.
Dosages urinaires.
Des dosages urinaires d'estrone glucuronide et de prégnandiol glucuronide (méthode ELISA, anticorps lapin antiestrone et antiprégnandiol) étaient effectués de façon hebdomadaire pendant quatre à six semaines. Les taux d'estrogène utilisés pour comparer les participantes étaient ceux enregistrés en fin de phase folliculaire (de 14 à 21 jours avant les règles suivantes), soit dans la période de plus grande fécondité.
Sans maquillage.
Les chercheurs écossais ont découvert que, sans maquillage (un facteur confondant, contrairement à l'âge), les jeunes femmes ayant les taux d'estrogène les plus élevés en fin de phase folliculaire étaient jugées, de manière significative, plus féminines (p = 0,007), plus attrayantes (p = 0,007) et en apparente meilleure santé (p = 0,003) que les étudiantes aux taux d'estrogène les plus bas. La relation avec les taux de progestérone était, en revanche, très peu significative. Le sexe des « juges » n'avait, soulignent les auteurs, aucune influence sur les résultats. En outre, les jugements portés sur des photos composées à partir de l'amalgame des photos des dix femmes avec les taux d'estrogène les plus élevés, d'une part, et des dix femmes aux taux d'estrogène les plus bas, d'autre part, confirment que le visage de la « femme estrogénique » est celui qui est perçu comme le plus féminin, le plus attrayant, le plus sain.
(1) M.J. Law Smith, D.I. Perrett, B.C. Jones, R.E. Cornwell, F.R. Moore, D.R. Feinberg, L.G. Boothroyd, S.J. Durrani, M.R. Stirrat, S. Whiten, R.M. Pitman, S.G. Hillier. Facial Appearance is a Cue to Oestrogen Levels in Women. « Proc R Soc B » (6 octobre 2005) publié en ligne.
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