Les signalements pour sévices sexuels chez les enfants sont passés de 4 800 en 1999 à 5 900 en 2001. Cette hausse de 23 % n'inclut pas les plaintes adressées aux parquets.
Face à un tel fléau, la Commission maladies sexuellement transmissibles et sida de l'Académie de médecine, animée par le Pr Roger Henrion, veut alerter le gouvernement sur les risques de contamination par le VIH encourus par les petites victimes.
Dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » du 3 septembre 2002, qui fait le point sur l'évaluation de la prise en charge des expositions au VIH, les viols représentent 21 % des 4 047 expositions sexuelles, hétérosexuelles pour les deux tiers, répertoriées entre juillet 1999 et décembre 2001.
Traiter en urgence
Si les médecins savent quelle conduite adopter à la suite d'un contact sexuel subi par un enfant, la justice, dans certains cas, les empêche de faire ce qu'ils jugent utile. Il faut, explique e Pr Henrion, « mettre en œuvre le plus rapidement possible, dans un délai de 48 heures au maximum et pour une durée de 4 semaines, une bi- ou plus souvent une trithérapie après avis d'un médecin d'un Centre d'information et de soins de l'immunodéficience humaine, qui prend en compte l'importance de l'exposition, la sérologie de la personne au contact de laquelle a eu lieu l'exposition (personne source) et son état de santé., Lorsque la sérologie de la personne source est inconnue et le danger sérieux - ce qui est le cas dans les viols, sachant que la proportion de séropositifs parmi les agresseurs ne semble pas négligeable -il est recommandé de traiter en urgence », poursuit l'académicien.
D'autant que « le viol est en lui-même un facteur aggravant en raison des lésions traumatiques des voies génitales, a fortiori en cas de saignement, de défloration ou de rapport anal ». « Pénible », le traitement, n'en est pas moins impératif et présente souvent des « effets secondaires », sans compter qu'il « ravive, chez l'enfant violé et ses parents, la peur de la contamination et le souvenir de l'agression. Si bien qu'on assiste fréquemment à des abandons de traitement ».
Le consentement de l'agresseur
Mais le problème difficile à surmonter tient à la législation : en agissant dans le cadre de la présomption d'innocence, dans le respect de la procédure judiciaire et en fonction du principe du consentement éclairé exigé pour tout acte médical, « il convient de recueillir le consentement de l'agresseur présumé qui peut refuser le test sérologique ».
C'est pourquoi, selon l'Académie, « il serait urgent que le ministère de la Santé prenne l'initiative, en collaboration avec la Justice, d'une procédure officielle applicable à toutes les situations de viol, en particulier des enfants, après concertation avec les magistrats, les représentants des administrations centrales concernées et l'Ordre ». « Les médecins, souligne le Pr Henrion, souhaitent disposer d'un cadre légal précisant le protocole de prise en charge des victimes et les conditions du prélèvement de sang de l'agresseur qui, en tout état de cause, ne devrait pas pouvoir refuser, comme il ne peut pas refuser le prélèvement de sang pour analyse de l'ADN ».
Dans son rapport du 12 octobre 2000 sur « le dépistage en milieu hospitalier », le Conseil national du sida (CNS) estimait « raisonnable d'estimer que le consentement du patient peut ne pas être requis dans des situations exceptionnelles telles que le coma ou la perte de conscience prolongée, et seulement dans ces situations d'exception ».
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