L E Pr Henri Pézerat, ancien toxicologue du CNRS et membre du collectif Vigilance Franklin-Roosevelt, a jeté l'éponge.
Depuis la découverte de l'agrégat de cancers d'enfants autour de l'ancien site de l'usine Kodak de Vincennes (sur lequel a été construite l'école maternelle Franklin-Roosevelt, actuellement fermée), le Pr Pézerat s'est toujours fait le porte-parole de l'inquiétude des parents d'élèves. Jusqu'à accepter, en mai dernier, de faire partie du comité scientifique chargé de ce problème et constitué de membres de l'Institut de veille sanitaire (InVS) et de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (INERIS). « Créé depuis le mois de mai, ce comité a pour fonction réelle de gérer une urgence et, dans les faits, il s'y refuse, écrit-il dans la lettre de démission qu'il vient d'envoyer à la direction générale de la Santé. Les habitants du quartier voulaient savoir, au plus tard le 1er septembre, s'il y a un risque au niveau des sols des caves et des pelouses entourant le site. Mais le comité scientifique n'envisage pas de donner une réponse à ce sujet avant février ou mars 2002. » Selon Henri Pézerat, le calendrier proposé est celui d'une « étude de routine sur l'évaluation des risques à long terme d'une quelconque friche industrielle ou déshérence » et non celui du traitement « d'une crise sanitaire aiguë ».
S'il ne peut pas affirmer qu'il existe un risque pour les habitants de l'ancien site Kodak, Henri Pézerat se fonde toutefois sur le principe de précaution pour demander que des analyses et des tests soient effectués sur des sols de caves et pelouses de la couronne du site, « indépendamment du problème des crèches et de l'examen des nappes phréatiques » déjà traités cet été par les autorités sanitaires.
Autre pomme de discorde : le choix des populations enfantines étudiées qui ne prennent pas en compte, précise-t-il, des enfants résidant dans la couronne autour de l'ancien site Kodak.
Enfin, le Pr Pézerat reproche au comité scientifique son manque de rigueur face aux informations délivrées par l'entreprise Kodak, concernant, d'une part, l'histoire du site industriel et, d'autre part, l'étude hydrogéologique du site. « Dans les deux cas, écrit le Pr Pézerat, sans qu'il y ait eu discussion au comité, on nous apprend que ces tâches sont considérées comme du ressort de Kodak, qui en a chargé une entreprise (URS) qui, obligatoirement, n'aura de comptes à rendre qu'à Kodak. »
Contre-expertise indépendante
Les critiques émises par le Pr Pézerat, lequel serait remplacé au sein du comité scientifique par un autre toxicologue, auraient-elles favorisé un nouveau dialogue entre les responsables de l'InVS et les populations concernées ? En début de semaine, le Dr Philippe Quesnel, président du comité, a rencontré les représentants des parents d'élèves et des résidents du quartier de Vincennes. « La rencontre a été globalement positive, estime l'une des représentantes du collectif Vigilance Franklin. Nos demandes ont été entendues. Nous souhaitons qu'une contre-expertise de l'historique de l'usine soit menée de manière indépendante. Par ailleurs, les résultats des analyses environnementales - qui ne devaient pas être connus avant février - seront, nous a-t-on dit, disponibles avant la fin de l'année ». Concernant le problème épidémiologique, le collectif se montre également satisfait, puisque l'analyse de la couronne de l'ancien site Kodak sera englobée dans l'ensemble de l'étude d'incidence. La prochaine étape sera la réunion du comité de suivi, sous l'égide du préfet du Val-de-Marne, qui aura lieu le 26 septembre.
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