«J E ne souhaite pas que les enfants de l'école maternelle Franklin-Roosevelt connaissent au cours de la prochaine année scolaire les pressions psychologiques et médiatiques qu'ils ont vécues pendant cette année », a indiqué la semaine dernière le maire de Vincennes (94), Patrick Gérard. « Pour la sérénité des études à venir et la tranquillité des enfants scolarisés à la maternelle, j'ai décidé de proposer au conseil municipal le transfert provisoire de l'école maternelle à la rentrée prochaine », a-t-il dit.
Après la découverte d'un septième cas de cancer chez un enfant résidant dans le quartier de l'ancienne usine Kodak (dont quatre enfants ayant fréquenté l'école Franklin-Roosevelt), la municipalité a finalement choisi d'apaiser la population, même si les études effectuées à ce jour n'ont pas établi de lien entre les maladies diagnostiquées et la fréquentation de ce lieu. Le ministre délégué à la Santé, Bernard Kouchner, a fait état d'une enquête épidémiologique portant sur près de 1 000 enfants ayant fréquenté l'école, qui a ouvert en 1989, soit quatre ans après la fermeture de l'usine Kodak. « C'est très difficile de retrouver et de localiser tous ces enfants, a-t-il ajouté, mais nous tentons de le faire ». Il a précisé qu'une note d'information avait été envoyée à tous les médecins du quartier leur permettant de « répondre aux interrogations des parents ».
Un rapport de Kodak
De son côté, Kodak a remis à la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS) une étude historique retraçant dans le détail « 80 années de vie industrielle de l'usine de Vincennes (de 1906 à 1986) ». Ce rapport, qui doit compléter les études complémentaires engagées par l'Institut national de l'Environnement industriel et des risques (INERIS), prochainement disponibles, donne le contexte géologique et hydrogéologique du site, son évolution chronologique, ainsi que le détail des activités et des pratiques industrielles.
L'appel à mémoire lancé par Kodak (au 01.40.01.39.83) depuis le mois de mai a déjà permis de recueillir, selon la société, 36 témoignages, venant principalement de personnes ayant travaillé plus de 20 années dans les ateliers. Kodak précise qu' « aucun des témoignages n'évoque le souvenir de collègues ayant subi des maladies graves dues aux produits chimiques. Quelques dermatoses sont signalées ». Aucune maladie comparable à ce qui a été découvert dans l'école ou à proximité du site n'a été évoquée. Toutefois, Kodak fait part d'un appel anonyme signalant un décès récent de leucémie chronique d'un ancien travailleur du site. « Une enquête est en cours », conclut la société.
Par ailleurs, Kodak a étudié les déclarations de maladies professionnelles des employés de deux usines : celle de Vincennes, où une liste de 13 cas de maladies professionnelles a été remise, et celle de Chalon-sur-Saône, où 19 déclarations de maladies professionnelles ont été relevées entre 1989 et 2000. Or, Kodak note qu' « aucune des maladies constatées sur les deux sites n'a de rapport avec celles constatées à l'école de Vincennes ».
Enfin, selon trois études épidémiologiques concernant des employés des usines Kodak aux Etats-Unis (disponibles sur demande à Kodak), « aucune différence significative n'a été retrouvée entre les employés de Kodak et la population générale, tant pour la mortalité générale que pour celle par cancer », signale la société.
Bien qu'elles soient rassurantes, ces informations de la société Kodak ne permettent pas de tirer des conclusions satisfaisantes, car il y a eu jusqu'à présent sept cas de cancer à Vincennes. Mais les études - notamment celles que doit mener le comité scientifique ad hoc - ne sont pas finies (le « Quotidien » du 13 juin). Le comité de suivi de l'ancien site Kodak, installé par la préfecture du Val-de-Marne en mai dernier, doit se réunir cette semaine pour discuter sur les conclusions d'une étude récemment menée par l'INERIS.
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