«L'OPERATION POLICIÈRE de lundi matin, principalement concentrée dans le quartier où j'exerce depuis 24 ans, place de la Tolinette, m'apparaît excessive, dit au “Quotidien” le Dr Laurent Pérez. Pourquoi avoir mobilisé autant de personnels pour ça? On y voyait autant de véhicules de police que de presse!»
Son confrère Richard Cavillon, «en poste depuis 1982», gardera du 18 février la mémoire «d'une famille choquée, traumatisée», venue le voir, «dont on avait défoncé la porte de l'appartement pour prendre son enfant, dans une résidence, car l'intervention policière n'a pas concerné la seule ZAC». Pour le Dr Cavillon, «la police ne sera en sécurité que si elle se montre capable de protéger le simple citoyen qui, à tout moment, risque de se faire agresser avec les armes à feu utilisées contre elle en novembre dernier. La solution au problème me semble globale», insiste-t-il.
Le Dr Jacques Papot s'attendait à ce qui s'est passé le 18 février, un patient policier ayant évoqué cette éventualité. « Quand je suis arrivé à mon cabinet, tout l'immeuble, des caves aux étages, était entre les mains d'hommes en tenue», raconte-t-il : l'un des habitants des lieux était sur la liste des personnes recherchées.
Une image négative.
Installé depuis 31 ans, à la limite de la cité appelée Derrière les murs de Monseigneur, où le gros des perquisitions avec béliers s'est déroulé, Jacques Papot parle de ses patients. «Ils aimeraient qu'on les regarde différemment. Il s'agit souvent de gens originaires d'Afrique qui réussissent dans leurs études et qui travaillent, tout comme les Pakistanais, les Indiens, arrivés en même temps qu'eux, il y a une quinzaine d'années. Vous savez,on se trouve biendu côté de Derrière les murs de Monseigneur –en fait, un chemin entre des immeubles de 3, 4étages n'ayant rien à voir avec les tours de Montfermeil, La Courneuve ou Aubervilliers–, là où se dressait jadis une abbaye qui accueillait Louis XI partant en campagne dans les Flandres. Personnellement, je suis satisfait d'y exercer.»
D'une même voix, les trois généralistes, qui travaillent de 10 à 12 heures par jour à Villiers-le-Bel, sans y résider, mettent l'accent sur ce qui constitue, à leurs yeux, «le problème des banlieues, à savoir l'accès aux soins dans les quartiers sensibles». «Là se pose, en termes aigus, la question de la relève médicale, explique le Dr Pérez. Plus personne, ou presque, ne veuty visser sa plaque.» «C'est la croix et la bannière pour trouver un remplaçant», confirme le Dr Jacques Papot, invoquant «le contrecoup de l'image négative que renvoient les grands médias des zones suburbaines». «Que se passera-t-il demain, sachant que la plupart d'entre nous sommes dans la cinquantaine, voire plus?», interpelle Laurent Pérez, qui entrevoit un grand désert médical.
* Villiers-le-Bel compte aussi 17 spécialistes.
Les événements de novembre
Tout a commencé par deux morts...
Le décès de Moushin, 15 ans, et de Laramy, 16 ans, lors de la collision entre leur minimoto et une voiture de police, le 25 novembre 2007, donne lieu à deux nuits d'émeute du 25 au 26 et du 26 au 27.
... et s'est achevé par 119 policiers blessés, dont 5 graves (1 commissaire roué de coups), certains par des tirs de plomb et de grenaille à l'aide de fusils de chasse. Le parquet de Pontoise a ouvert une information judiciaire contre X pour homicides involontaires, ainsi qu'une enquête afin de retrouver les auteurs des tirs sur deux policiers blessés au plomb.
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