«SUITE et en perspective de plusieurs départs à la retraite, la ville historique de Tonnerre, chef-lieu de canton, et la communauté de communes du Tonnerrois recherchent médecins généralistes.»
Cette annonce, passée voici une quinzaine de jours dans les colonnes du « Quotidien », illustre bien l'implication sans cesse croissante des élus locaux dans le maintien d'un équilibre démographique parfois chancelant.
À Tonnerre, ville de 6 000 habitants (10 000 dans le canton), huit médecins généralistes exercent pourtant leurs talents. «Si nous avons décidé de passer cette annonce, en accord avec l'ensemble des praticiens de la ville, précise André Fourcade, maire de Tonnerre, c'est dans un souci d'anticipation de la situation qui prévaudra dans quelques années à Tonnerre.»
Car si la ville n'est pas à proprement parler en situation de pénurie médicale, un généraliste est tout de même parti à la retraite récemment, tandis qu'un autre est parti s'installer ailleurs. Un autre généraliste devrait partir à la retraite fin 2009, ainsi que deux autres encore à l'horizon 2012. «D'ici à 2012, la ville aura perdu la moitié de ses généralistes», indique, songeur, un médecin de la ville. Il est donc grand temps de s'atteler à la tâche, ce que confirme, en noircissant encore le tableau, le Dr X (qui ne souhaite pas voir son nom apparaître) : «Je suis jeune mais je me sens déjà épuisé. J'en suis à trois semaines de délai de rendez-vous pour mes patients, ce n'est pas normal.»
L'annonce passée dans « le Quotidien » a déjà fait réagir quatre candidats à l'installation. Sur ces quatre, deux ont l'air vraiment intéressé, selon le maire de la ville, mais le Dr X, qui les a tous eu en ligne, tempère un peu ce bel enthousiasme : «Pour moi, il n'y en a qu'un qui soit vraiment intéressé. Les autres ont appelé par curiosité.»
« Mettre le paquet ».
Il n'empêche, le médecin qui tentera l'aventure n'y trouvera pas que des inconvénients. Il pourra, s'il le désire, s'installer en association avec l'un des médecins en exercice de la ville (deux cabinets de groupe de la ville disposent en effet de cabinets de consultation vacants), et bénéficiera des bonnes infrastructures de la commune : gare SNCF, poste, écoles, collège et lycée, plateau sportif complet et moderne, centre hospitalier avec service d'urgence, EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) de 240 lits, foyer pour handicapés, présence de spécialistes sur la commune ainsi que de dentistes, de kinés et de pharmacies, l'environnement professionnel paraît séduisant pour cette ville située à à peine deux heures de Paris. Cerise sur le gâteau, la municipalité est disposée à fournir un logement familial à ce nouveau médecin, avec un loyer gratuit assuré pour un an. «Nous sommes prêts à mettre le paquet, et nous sommes très ouverts à l'idée d'aider le conjoint du médecin à trouver une activité professionnelle dans la région», précise le maire de Tonnerre, qui a parfaitement compris qu'il ne s'agit pas seulement d'aider à l'installation d'un médecin, mais probablement d'une famille tout entière.
Deux ans de recherches.
Et ce médecin sera bien accueilli par ses confrères : «Cela fait deux ans et demi que nous cherchons à attirer des médecins sur la commune, indique encore le Dr X, et j'ai par exemple déjà passé une dizaine d'annonces dans la presse et sur Internet, sans obtenir une seule réponse.» Si bien que, face à l'échec de ces tentatives, les médecins tonnerrois ont choisi de s'associer à la mairie pour donner plus de poids à leur recherche. «Une mairie rurale de la région s'est retrouvée sans médecin voici quelque temps, indique à ce sujet le Dr X, elle a passé une annonce et a trouvé un médecin. Celui-ci m'a assuré que, pour sa recherche d'un lieu d'implantation, il n'avait répondu qu'à des offres émanant de collectivités territoriales, car il savait qu'il y aurait des avantages à la clé.»
Autre intérêt de l'installation à Tonnerre, «il n'y a plus de gardes de PDS», précise le Dr X. Jusqu'à fin 2006, un tour de garde était bien organisé entre les médecins tonnerrois, «mais il y avait très peu d'actes, continue le Dr X., et les autorités de tutelle nous ont fait remarquer que nous percevions une astreinte pour pas grand-chose. Nous avons voté et avons décidé de ne pas continuer la PDS après 20heures. Les rares patients vont aux urgences de l'hôpital». L'histoire ne dit pas encore si Tonnerre trouvera ou non le ou les médecins qui lui font défaut, mais il n'est pas anodin de voir les médecins et la municipalité engagés de concert dans ce type de recherche. Quoi qu'il en soit, le maire de Tonnerre, André Fourcade, a une idée assez précise du bon profil : «Nous donnerons la priorité à des médecins ayant exercé pas trop loin de chez nous, pour faire en sorte que la greffe prenne mieux.»
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