Parmi les 110 000 à 155 000 Américaines infectées par le VIH1, l'incidence des lésions préinvasives et invasives du col est augmentée. Depuis 1993, elles sont reconnues pour être caractéristiques du VIH1. Certains résultats suggèrent que le risque de lésions vulvo-vaginales et périnéales (condylome acuminé et néoplasie intraépithéliale) le serait également.
L'étude de cohorte publiée dans le « Lancet » par Lois J Conley et coll. le confirme : l'incidence est seize fois plus élevée chez les femmes positives au VIH1 que chez les autres. Le travail a concerné, d'octobre 1991 à septembre 1998, 925 New-Yorkaises, parmi lesquelles 481 étaient séropositives, 431 séronégatives et 7 avaient un statut sérologique inconnu. Elles ont bénéficié, à l'inclusion puis tous les six mois, d'un examen gynécologique comportant : l'inspection soigneuse de la vulve, du vagin et de la région périnéale, un test de Papanicolaou, une recherche de papillomavirus, une colposcopie et éventuellement une biopsie. Leur taux de CD4 a été mesuré.
Peu de différences ont été notées entre les deux groupes concernant l'âge, l'origine ethnique, le salaire, l'âge du premier rapport sexuel ou le tabagisme. Mais les séropositives avaient plus souvent des antécédents de prostitution, d'usage de drogues par voie intraveineuse, de MST et étaient infectées par un papillomavirus. Dès l'inclusion, l'incidence du condylome acuminé ou du cancer intraépithélial était chez elles significativement plus élevé, 30 contre 4 (soit 6 % contre 1 %). Des 30 lésions, 3 étaient des néoplasies intraépithéliales de haut grade de la vulve.
Parmi les femmes qui n'avaient pas de lésions au début de l'étude, 385 qui étaient séropositives et 341 négatives ont été incluses dans une étude d'incidence. Là encore, les lésions ont été plus fréquentes chez les femmes infectées : 33 contre 2 (9 % contre 1 %), soit une incidence de 2,6 cas pour 100 personnes/an contre 0,16. Parmi les 33 lésions diagnostiquées chez les patientes séropositives, 5 étaient de haut grade.
L'analyse plus poussée a montré que le développement des lésions étaient d'autant plus fréquent que la femme était positive pour le VIH1, qu'elle avait une infection par le papillomavirus, que son taux de CD4 était bas et qu'elle avait consommé une ou deux drogues en injection intraveineuse trois fois ou plus par semaine.
Vingt et un pour cent des femmes de l'étude ont reçu un traitement antirétroviral pendant une durée moyenne de huit mois. Cette thérapie ne semble pas avoir diminué l'incidence des lésions. Cependant, cette conclusion doit être modulée car, au moment de l'étude, le premier inhibiteur de protéase (saquinavir) n'était pas encore sur le marché et seulement 48 femmes en ont reçu en trithérapie.
Une surveillance accrue
L'immunosuppression induite par le virus expliquerait l'association avec les lésions de la vulve. Mais les auteurs pensent également qu'il induit un changement dans l'histoire naturelle de l'infection à papillomavirus, en modifiant les rapports hôte/virus.
« Le nombre élevé retrouvé, de façon inattendue, de néoplasies intraépithéliales vulvo-périnéales de grade élevé est en faveur d'une augmentation importante du risque. Nous recommandons que durant tout examen gynécologique d'une femme séropositive soit procédé à une inspection méticuleuse de la vulve et de la région périnéale. En cas de lésions suspectes, une colposcopie et une biopsie permettront d'écarter toute lésion préinvasive et invasive. »
« Lancet », vol. 359, 12 janvier 2002, pp. 108-113.
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