La recherche pour améliorer la prévention et le traitement de l'infection à VIH et du sida s'efforce, entre autres, de mieux comprendre l'interaction complexe entre le VIH-1 et son hôte humain.
Une protéine du VIH-1, la protéine Vif (Viral infectivity factor) suscite un intérêt notable car elle est indispensable pour la production de virions infectieux par les cellules T et les macrophages, cibles de l'infection à VIH-1. Contrecarrer son action pourrait constituer une approche prometteuse pour de futurs traitements de l'infection à VIH et du sida.
Le système de défense anti-virale des cellules T
Cette protéine Vif est requise durant les derniers stades de production du virus afin d'inhiber, semble-t-il, un mécanisme de défense antivirale qui réside dans les cellules T. Il a été démontré récemment que cette défense antivirale de l'hôte requiert l'enzyme cellulaire CEM 15 (« Nature », 8 août 2002). Mais comment, en l'absence de la protéine Vif, cette enzyme humaine CEM 15 empêche-t-elle la production de virus infectieux ? Des chercheurs français de l'INSERM (Bichat, Paris), dirigés par Allan Hance, semblent avoir trouvé la réponse.
Lecossier, Hance et coll. ont étudié des virus VIH-1 déficients en Vif par délétion génétique. Sachant que l'enzyme CEM 15 est une cytidine désaminase, et que ce type d'enzyme pourrait cibler des ADN simple brin, les chercheurs ont comparé les ADN viraux produits par les virions normaux et les virions délétés en Vif.
Des substitutions dans les virions délétés en Vif
Ils ont effectivement trouvé une différence : des substitutions G - A sont bien plus fréquentes dans l'ADN synthétisé par les virions délétés en Vif. Ces substitutions peuvent être expliquées, selon les chercheurs, par des changements de cytidine en uridine (C - U) dans le brin négatif de l'ADN sous l'effet d'une cytidine désaminase, car U est ensuite lu comme T par les polymérases de l'ADN.
Ces résultats indiquent que, en l'absence de Vif, les virions produits dans les cellules « contiennent une activité qui entraîne l'introduction de changements C - U dans le brin négatif d'ADN viral synthétisé durant la transcription reverse », notent les chercheurs, « et cette particularité est hautement compatible avec une modification du brin négatif d'ADN par une cytidine désaminase telle que la CEM 15 ».
« Par conséquent, lorsque le VIH se réplique dans des cellules exprimant l'enzyme CEM 15, la protéine Vif, grâce à des mécanismes qui restent à définir, est capable de prévenir l'accumulation de multiples anomalies dans les protéines structurelles, enzymatiques et régulatrices du VIH. » Ainsi, si les efforts de recherche parviennent à bloquer l'action de Vif dans les cellules infectées par le VIH-1, l'enzyme humaine pourrait agir et empêcher le virus de se multiplier.
« Science » du 16 mai 2003, p. 1116.
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