De notre correspondante
à New York
« Nos observations suggèrent que la protéine Vpr joue un rôle important dans le déclin des cellules T CD4+ chez les individus infectés par le VIH, estime une équipe de chercheurs américains dans "The Journal of Clinical Investigation". En outre, elles suggèrent une perspective thérapeutique d'avenir pour le développement d'inhibiteurs de la Vpr, afin de réduire la mort cellulaire durant l'infection par le VIH. »
« A partir de ces résultats, plusieurs possibilités extrêmement prometteuses apparaissent », commente dans un article associé le Dr Guido Kroemer, de l'institut Gustave-Roussy à Villejuif. « On peut s'attendre à ce que des inhibiteurs de la Vpr aient un impact positif sur l'infection par le VIH-1, à condition que la Vpr soit réellement importante pour le développement du sida. »
L'infection par le VIH-1 provoque le plus souvent une perte continuelle des lymphocytes T CD4+, qui entraîne finalement un déficit immunitaire et une susceptibilité accrue aux infections opportunistes et aux cancers. Toutefois, une fraction des sujets infectés par le VIH-1 (les non-progresseurs à long terme ou NPLT) restent asymptomatiques, immunocompétents et ne progressent pas vers le sida.
Divers facteurs protecteurs de l'hôte (CCR5, CCR2) et du virus ont été identifiés, mais ils n'expliquent pas tous les cas. L'équipe du Dr Andrew Badley, de la Mayo Clinic à Rochester (Minnesota), cherche à savoir, depuis plusieurs années, comment l'infection par le VIH induit la mort des cellules T (infectées et non infectées).
Les facteurs protecteurs de l'hôte n'expliquent pas tout
Divers groupes ont montré que des protéines du VIH, comme la gp120, la Nef, la Tat, la protéase et la Vpr (Viral Protein R) peuvent induire la mort cellulaire programmée (ou apoptose). Tout récemment, le domaine apoptotique de la Vpr a été identifié. Dans la présente étude, Lum, Badley et coll. ont donc examiné si une mutation naturelle (R77Q) du domaine apoptotique de la Vpr peut moduler la mort des cellules T et la progression de l'infection par le VIH chez les patients.
Ils ont fait une série d'observations.
Premièrement, ils confirment que la mutation R77Q de la Vpr est plus souvent trouvée chez les patients non progresseurs (80 % de 10 non-progresseurs à long terme) que chez ceux qui progressent vers le sida (33 % de 15 progresseurs). De plus, tandis que les progresseurs ont un taux élevé d'apoptose, les non-progresseurs ont un niveau d'apoptose égal à celui observé chez les individus non infectés.
Moins de morts cellulaires
Deuxièmement, in vitro, l'infection des cellules T par un VIH-1 muté en VprR77Q entraîne une moins grande destruction des cellules T, comparée à l'infection par une souche de VIH-1 normale, malgré une réplication virale similaire. Le VIH mutant au niveau de la Vpr, ont-ils constaté, se fixe aux mêmes cibles, mais déclenche moins bien la cascade de mort cellulaire.
Les chercheurs ont ensuite examiné la protéine Vpr mutée, in vitro et chez la souris : son signal apoptotique est altérée.
Cette recherche dévoile ainsi un nouveau mécanisme de non-progression à long terme : la mutation de Vpr. C'est le premier de ces mécanismes qui altère la capacité du VIH à induire la mort des cellules T. Elle confirme aussi que la principale façon dont le VIH-1 porte atteinte au système immunitaire se fait par le biais du processus biologique de l'apoptose.
« The Journal of Clinical Investigation », 15 mai 2003, pp. 1547 et 1455.
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