Les plurithérapies anti-VIH ont été introduites en 1997. Voulant évaluer leur effet sur la survie et la progression de la maladie, Kholoud Porter (UK Medical Research Council Clinical Trials Unit, Londres) et coll. ont colligé les données de vingt-deux cohortes de patients en Europe, en Australie et au Canada, à savoir des cohortes appartenant au programme CASCADE (Concerted Action on SeroConversion to AIDS and Death in Europe). En bref, toutes ces cohortes comportent des personnes pour lesquelles on dispose d'une estimation assez précise du moment de la séroconversion.
Age, sexe, mode de contamination
Les effets de l'âge à la séroconversion, du sexe masculin ou féminin, et les particularités des groupes en fonction du mode d'exposition ont été analysés. Les chercheurs ont fait des évaluations par années et en les comparant à l'ère pré-HAART (HAART : Highly Active RetroViral Treatment).
Ainsi, 7 740 personnes qui ont fait une séroconversion ont été incluses dans l'analyse de survie. Parmi elles, 2 000 (26 %) sont décédées. Comparativement aux données antérieures à 1997, le risque relatif (RR) de décès a suivi une décroissance très nette.
Entre 1997 et 2001, ce RR est passé de 0,47 à 0,16. Ce qui correspond à une diminution des décès de 50 % en 1997 et de plus de 80 % pour la période allant jusqu'en 2001. Pendant ce laps de temps, la proportion du temps passé sous HAART calculée par patient s'est accrue de 22 % en 1997 et de 57 % en 2001. « Proportionnellement, la plus grande réduction de la mortalité est observée peu après la mise à disposition des HAART en 1997 », notent les auteurs.
En outre, ces résultats font observer des modifications des modes évolutifs en comparant entre elles les différentes catégories de patients, au cours du temps et avec l'usage des HAART.
Toxicomanes : risque élevé de décès
Ainsi, les toxicomanes présentent des taux de décès quatre fois plus élevés que les hommes contaminés par contact homosexuel en 1999-2001 (RR : 4,28). « L'infection par le virus de l'hépatite C,un facteur compétitif avec le VIH sur le plan de la morbi-mortalité, est à même d'expliquer le nombre élevé de décès parmi les utilisateurs de toxiques », expriment les auteurs. Et, de plus, il existe dans cette population une tendance à une utilisation moindre des HAART, notamment par mauvaise observance.
En outre, alors que le risque de sida avant 1997 était plus élevé chez les patients plus âgés (45 ans et plus au moment de la séroconversion) que chez les plus jeunes (16-24 ans), avec un RR de 1,67 pour les premiers, la différence s'estompe et disparaît même dans les observations de 1999-2001 (RR ramené à 1,17). Cette modification s'observe pour le passage au stade de sida, mais non pour la survie (il n'y a pas d'atténuation).
En somme, l'âge au moment de la séroconversion semble maintenant être devenu un facteur pronostique de moindre importance pour le risque de sida. Alors que les différences dans les risques relatifs de mortalité en fonction de l'âge sont conservées.
« Maintenant que les traitements HAART sont disponibles, indiquent les auteurs, 9 personnes infectées par le VIH sur 10 peuvent s'attendre à vivre plus de dix ans, quel que soit leur âge. Le diagnostic précoce permet d'augmenter les gains obtenus par les avancées des pratiques cliniques survenues depuis 1997. »
Mais l'augmentation de la survie chez les personnes présentant une infection par le VIH sous HAART signifie que les autres causes de décès deviennent maintenant plus importantes (hépatite C, syndrome de Kaposi, mauvaise observance, etc.). Il est nécessaire de prendre en compte ces éléments pour évaluer les effets des traitements et pour la prévention.
« The Lancet », vol. 362, 18 octobre 2003, pp. 1267-1274.
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