VIH : un suivi identique pour les hommes et les femmes

Publié le 03/07/2002
Article réservé aux abonnés

L'enquête à laquelle 169 praticiens, en grande majorité des infectiologues-médecine interne (74 %) ont participé était fondée sur des réponses à un questionnaire très détaillé. Elle a été construite pour mieux cerner les femmes infectées par le VIH, les modalités particulières de la prise en charge, les effets indésirables ou potentiels des antiviraux et, enfin, la surveillance gynécologique, la contraception...

Première constatation : de 30 à 50 % de femmes infectées par le VIH sont suivies. La majorité des femmes suivies a entre 21 et 49 ans (86 %). Parmi elles, 9 % ont plus de 50 ans et 4 %, moins de 20 ans. Les adolescentes (moins de 15 ans), pouvant inclure des enfants infectés in utero, ne sont que 1 %. On constate un nombre élevé de toxicomanes (38 %). Plus de la moitié (51 %) de ces femmes sont métropolitaines et 49 % sont migrantes, parmi lesquelles une grande majorité est d'origine subsaharienne (94 %).

Choix thérapeutique différent

Sur les différences hommes-femmes pouvant exister dans les modalités de prise en charge, il apparaît que 60 % des praticiens font un choix différent dans les molécules prescrites et qu'il est justifié par un désir ultérieur de grossesse. La prescription de Sustiva (efavirenz) est évitée. On remarque que 12 % des praticiens ajustent les posologies prescrites à leurs patientes. Ces praticiens justifient cette attitude non par rapport au sexe, mais par rapport au poids (diminution des doses). Quant à la mise en route de traitements antiviraux, les critères ne semblent pas différents entre hommes et femmes. Le suivi des patientes, les rythmes de consultation sont identiques pour les deux sexes.
Pour 54 % des praticiens, que le patient soit un homme ou une femme, l'observance des traitements est identique. Lorsqu'elle est jugée différente, pour 31 % des praticiens, ceux-ci considèrent que l'observance est meilleure chez les femmes (88 %). Notons que 15 % des praticiens ne se prononcent pas sur ce thème.

Les effets métaboliques

Sur les effets indésirables des antirétroviraux, 51 % des praticiens estiment que les effets métaboliques (dyslipidémies, anomalies glucidiques) sont les mêmes dans les deux sexes. Mais 31 % sont d'un avis contraire. Toutefois, les avis sont très divergents sur les différences, puisque, dans ce pourcentage de praticiens, une moitié pense qu'ils sont plus fréquents chez l'homme que chez la femme, et l'autre moitié pense l'inverse.
Quant aux lipodystrophies (lipoatrophies, lipohypertrophies, syndrome mixte), les avis sont partagés, mais 64 % des praticiens estiment que ce syndrome est plus mal vécu par les femmes que par les hommes.
L'ostéoporose-ostéopénie chez les femmes suivies est une forte préoccupation pour 48 % des praticiens et 24 % en ont diagnostiqué. La responsabilité d'une classe d'antiviraux pour ces effets indésirables de type ostéoporose ou ostéopénie reste méconnue pour 55 % des praticiens. Mais 36 % des praticiens en attribuent la responsabilité aux inhibiteurs de protéase (IP) et 14 % aux inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (NRTI).
Pour la surveillance gynécologique, 35 % des médecins recommandent deux examens par an pour les patientes infectées par le VIH1 et 64 %, une fois par an. Quant à la contraception, 35 % des praticiens interrogés interviennent directement sur le choix de la contraception de leur patiente. Préservatifs plus estroprogestatifs sont le plus souvent proposés (51 %). Le préservatif seul vient ensuite (46 %), puis préservatifs plus DIU (3 %).
Vis-à-vis du désir de grossesse des patientes infectées, on constate un changement dans l'attitude des praticiens ces dernières années, lié à l'accès possible à la PMA (84 % des praticiens connaissent l'arrêté du 31 mai 2001 autorisant les femmes séropositives à l'accès à la PMA), et 26 % des praticiens sont, sur ce sujet, encourageants. S'il y a grossesse, 70 % modifient le traitement antirétroviral et 20 % l'arrêtent. Le suivi immunovirologique des patientes est, dans 85 % des cas, renforcé, et ce suivi est pratiqué dans le cadre d'une équipe pluridisciplinaire.

Enquête présentée dans le cadre de la 6e journée « Avancées VIH » intitulée « Femmes et VIH », organisée par GSK.

Dr Martine DURON-ALIROL

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7160