La diversité du VIH (mutations, recombinaisons) nécessite la surveillance (génotypage, phénotypage) de ce virus, non stabilisé, apparu il y a soixante-dix ans dans l'espèce humaine (d'autres transmissions interespèces ne sont pas exclues). Il se diffuse de façon extensive depuis vingt-cinq ans, souligne le Pr F. Barin (CNR VIH, Tours).
La pandémie n'est pas fixée, chaque sous-épidémie peut voir émerger un variant dominant. Dans les pays industrialisés, dont la France, où le VIH1M est prépondérant, la surveillance porte essentiellement sur l'émergence du sous-type B.
Un réseau de 37 laboratoires
La surveillance nationale de la prévalence de la résistance génotypique aux antirétroviraux est placée sous l'égide de l'ANRS avec un réseau de 37 laboratoires de virologie. Elle concerne trois populations de sujets :
- au cours de la primo-infection. Une enquête annuelle rétrospective porte sur des patients inclus dans des protocoles thérapeutiques ou des cohortes ANRS (Primo, Interprim, Primstop, Primoféron). Deux enquêtes, 1999/2000 et 2001/2002, portent respectivement sur 249 et 284 patients ; les données ne sont donc pas représentatives au niveau national (3 000 primo-infections par an en France). Depuis 1996, la prévalence de la résistance est stable (9 et 12 %). Par ailleurs, la prévalence de sous-types B est passée de 6 % en 1996/1998 à 24 % en 2001/2002.
La comparaison avec les autres pays occidentaux est difficile (définition de la primo-infection, de la résistance, etc.), mais la tendance générale semble être similaire, estime le Pr F. Brun-Vézinet (Paris).
- Chez les patients chroniquement infectés non traités. L'étude nationale (Odyssée) porte, tous les deux à trois ans, sur 20 patients consécutifs dans chaque laboratoire du réseau. Elle indique qu'il n'y a pas de majoration de la résistance aux antirétroviraux, donc pas de raison de changer les recommandations actuelles sur l'utilisation des tests de résistance dans ce contexte. La prévalence des mutations ne diffère pas entre les sous-types B et non-B.
Rapporté, au niveau national
- Chez les patients traités. MULTIVIR est une étude nationale annuelle sur un mois donné. Le résultat est rapporté, au niveau national, à la base hospitalière sur l'infection par le VIH (35 000 patients, 87 % traités). Delaridine et zalcitabine sont exclus de l'analyse.
En juin 2001, 456 génotypes ont été réalisés chez des patients en échec thérapeutique ; 65 patients (14,2 %) avaient des isolats résistants à 2 classes (56) ou 3 classes (9) d'antirétroviraux ; 2,1 % des patients avec charge virale supérieure à 200 copies/ml avaient une résistance à 2 ou 3 classes d'antirétroviraux.
Au total, la prévalence estimée de multirésistances chez les patients traités avec charge virale détectable est comprise entre 1,6 et 2,7 % ; résistance aux NRTI (inhibiteurs de la reverse transcriptase nucléosidique) : 91 % ; aux inhibiteurs de la reverse transcriptase non nucléosidique (NNRTI) : 98 % ; aux inhibiteurs de protéase (IP) : 23 %. A noter chez 55 % des patients avec résistance aux NRTI et NNRTI, il est encore possible d'associer deux IP (23 %) ou plus (32 %).
Cette étude peut sous-estimer le nombre de patients avec isolats multirésistants, la pratique d'un génotype est en effet variable.
Un nombre minimal estimé de 250 à 620 patients avaient, en 2001, un besoin de façon urgente d'un accès à de nouvelles molécules de préférence dirigées contre de nouvelles cibles virales.
Paris, 7e Journée annuelle GlaxoSmithKline « Le VIH : un virus sous surveillance ».
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