De notre correspondante
à New York
« Si une image vaut un millier de mots, une vidéo en vaut un million », commente dans un communiqué le microbiologiste Thomas Hope, de l'université de Chicago, qui a dirigé ces travaux.
Les cellules dendritiques dérivées des monocytes représentent la première ligne de défense immunitaire de l'organisme. Ces « éboueurs de l'organisme », comme les appelle le Dr Hope, patrouillent toutes les régions de l'organisme qui sont susceptibles d'être infectées à la recherche d'envahisseurs pathogènes. Normalement, lorsque les cellules dendritiques tombent sur un virus ou un autre agent pathogène, elles le ramassent et le dégradent en petits morceaux. Puis elles présentent ces petits fragments antigéniques aux lymphocytes T, les alertant du danger potentiel.
La synapse immunologique
Au cours de cette présentation, les cellules dendritiques établissent avec les cellules T un contact physique étroit et forment une interface appelée synapse immunologique. C'est à travers cette synapse que les deux cellules communiquent par signaux moléculaires.
Si les cellules dendritiques ont établi une bonne connexion, alors les cellules T mobilisent le reste du système immunitaire. Une armée de cellules immunes part alors en chasse de l'agent repéré par les cellules dendritiques afin de le détruire.
Cependant, avec le VIH, il en va autrement. Bien que les cellules dendritiques ramassent le VIH, elles ne deviennent pas infectées et ne le détruisent pas. Au lieu de cela, ont constaté récemment des chercheurs, elles encouragent par mégarde l'infection, aidant d'une manière ou d'une autre le VIH à infecter plus efficacement les cellules T.
Mc Donald, Hope et coll. ont maintenant découvert comment se passent les choses ; mieux encore, ils ont filmé le processus.
En utilisant un colorant vert fluorescent pour marquer les particules VIH, les chercheurs ont photographié les cellules dendritiques vivantes avec le VIH « internalisé » dans un compartiment intracellulaire. Le VIH internalisé n'est pas détruit, et les cellules dendritiques ne présentent pas à leur surface les antigènes viraux.
Lorsque les cellules dendritiques entrent en contact avec les cellules T, les particules VIH internalisées migrent rapidement et se concentrent vers la jonction de contact. En même temps, sur les cellules T, les protéines récepteurs et corécepteurs du VIH (CD4, CCR5, CXCR4) se concentrent elles aussi vers cette jonction.
D'autres images montrent clairement que les particules VIH sont transférées des cellules dendritiques aux cellules T par cette jonction, désignée par les chercheurs comme la « synapse infectieuse ». Autant la synapse immunologique signale le début de la réponse immune, autant la synapse infectieuse démarre l'infection.
« Le VIH exploite la machinerie dendritique à ses propres fins, et profite de la relation spéciale qu'a cette cellule avec la cellule T pour accéder à cette cible et lancer son assaut », commente le Dr c Donald. « En outre, le VIH n'est pas détruit dans le processus. »
« Les virus cherchent à trouver des points faibles dans le système immunitaire pour en tirer profit », observe le Dr Hope. « C'est une guerre qui dure depuis des milliards d'années : l'organisme construit des défenses contre les virus, et les virus trouvent des moyens de contrecarrer ces défenses. »
Les chercheurs sont particulièrement excités par leur découverte car elle pourrait s'appliquer à d'autres organismes pathogènes. Selon de récentes études, les cellules dendritiques jouent aussi un rôle dans l'infection par le virus Ebola, le cytomégalovirus et le bacille de la tuberculose.
« Ces organismes pathogènes semblent avoir découvert et exploité le même point faible dans le système immunitaire », note le Dr Hope. « Si c'est vrai, alors nous avons peut-être découvert une cible importante pour des traitements qui pourraient combattre non seulement le VIH mais aussi de nombreuses maladies infectieuses. »
Sciencexpress.org, 1er mai 2003.
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