La technique d'analyse protéomique consiste en une cartographie de différents groupes de protéines selon leur activité physiologique ou pathologique. Elle permet d'établir un profil très précis du patient, en quelque sorte une empreinte digitale protéique unique pour chacun.
On estime actuellement que de 10 à 15 % des patients infectés par le VIH présenteraient au cours de l'évolution de la maladie des signes de démence plus ou moins marqués qui affectent les capacités motrices et le comportement.
Actuellement, la cause précise de cette affection reste encore inconnue.
Un recueil de monocytes
C'est pour cette raison que des chercheurs nord-américains et porto-ricains ont mis en place une étude afin de tester l'hypothèse suivante : le VIH pourrait agir sur les cellules immunitaires circulantes, les monocytes qui, secondairement, vont migrer au niveau du cerveau, plutôt que d'interagir directement avec les neurones. Les monocytes dysfonctionnels pourraient libérer au sein du système nerveux central des enzymes toxiques pour les neurones.
L'étude mise en place à Porto Rico a inclus 31 femmes positives pour le VIH1, d'origine latino-américaine, âgées de 21 à 45 ans et 10 femmes, témoins appariées. L'ensemble des femmes a bénéficié de tests neurologiques. Dans le groupe des femmes infectées, 9 présentaient des signes de démence et 12 étaient neurologiquement indemnes. Cet examen a été couplé à un recueil de monocytes du sang périphérique et à une culture spécifique de ces cellules.
L'analyse protéomique a montré la présence de 177 protéines dont le poids moléculaire s'échelonne de 2 à 80 kDa. « Nous avons retrouvé deux pics de protéines spécifiques différenciant les personnes saines de celles qui étaient infectées : l'une d'entre elles d'un poids moléculaire de 5 028 Da et l'autre de 4 320 Da. La sensibilité de cette méthode de différenciation a été estimée à 100 % et sa spécificité à 80 %. Pour leur part, les sujets infectés présentant ou non des signes neurologiques différaient - avec une sensibilité de 100 % et une spécificité de 75 % - par une protéine de poids moléculaire de 4 348 Da des sujets infectés non déments », analysent les auteurs.
Suivi et prévention
Pour le Dr Melendez, « cette méthode de détection pourrait permettre, de façon simple, de mettre en place des méthodes de suivi et, éventuellement, de prévention des personnes les plus à risque. Il est aussi possible d'imaginer que, à l'avenir, des thérapeutiques permettent l'inhibition spécifique de ces protéines soient mises en place ».
Les sujets de l'étude vont maintenant bénéficier d'un suivi à plus long terme afin de confirmer dans le temps les résultats de cette étude.
« Neurology », 2003; 60 : 1931-1937, 24 juin 2003.
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