Le rapport sur l'« état de la population 2003 »

VIH : la moitié des nouveaux cas chez les moins de 25 ans

Publié le 08/10/2003
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« Un milliard à ne pas oublier : investir dans la santé et les droits des adolescents » : telle est la principale conclusion et le titre du rapport du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) : « Etat de la population mondiale 2003 ». Selon les derniers indicateurs démographiques, les moins de 25 ans représentent la moitié de la population mondiale (6,3 milliards), qui compte 1,2 milliard d'adolescents (10-19 ans), soit un humain sur cinq.

Cette explosion démographique des jeunes entraîne de lourdes difficultés sur le plan du développement. D'autant que 97 % des adolescents vivent dans les pays en développement. Il est urgent de faire face à ces défis, car, affirme le rapport, « l'inaction comportera des coûts effrayants pour les individus, les sociétés et le monde en général ».
Parmi les risques auxquels sont confrontés les jeunes figurent la marginalité, l'exposition au virus du sida et la fragilité des adolescentes. Près d'un jeune sur quatre (238 millions) souffre de l'extrême pauvreté et subsiste avec moins d'un dollar par jour. Environ 77 % d'entre eux vivent dans 11 régions du globe : Inde, Chine, Nigeria, Pakistan, Bangladesh, République démocratique du Congo, Vietnam, Brésil, Ethiopie, Indonésie et Mexique. Beaucoup survivent sans leurs parents (orphelins du sida, notamment) ou sont marginalisés en raison de migrations, d'une infirmité, d'une mauvaise santé, de liens familiaux dissolus. Les conflits politiques et ethniques aggravent la vulnérabilité, notamment sexuelle, des jeunes, et le nombre d'enfants des rues augmente rapidement dans le monde. Il est estimé aujourd'hui à 100-250 millions, dont la moitié en Amérique latine.

Une maladie de jeunes

Le sida est, avec la pauvreté, un des fléaux qui touchent les moins de 25 ans. Il représente désormais près de la moitié des 5 millions de nouveaux cas d'infection par le VIH qui surviennent chaque année dans le monde . « Le VIH/sida est devenu une maladie de jeunes », note le rapport. C'est en Afrique subsaharienne que la maladie se répand le plus vite parmi les jeunes. Plus de 8 millions y sont déjà infectés, et on estime que, en Afrique du Sud, au Botswana et au Zimbabwe, 60 % des garçons âgés aujourd'hui de 15 ans le seront un jour ou l'autre. L'Asie du Sud (1,1 million), l'Amérique latine et les Caraïbes sont également des régions où l'épidémie progresse rapidement. La majorité des 6 000 jeunes infectés chaque jour (un toutes les quatorze secondes) sont des jeunes filles. Le rapport souligne les risques additionnels auxquels sont exposés ces femmes : mariage précoce ou dès l'enfance, violence et coercition sexuelle, trafics pour l'industrie du sexe et travail forcé, mutilation génitale encore appelée coupure génitale féminine (CGF). « Dans la plupart des pays, familles et sociétés traitent de manière inégale les filles et les garçons, celles-là affrontant pour une beaucoup plus large part les privations, le manque de perspectives et un investissement bien moindre dans leur santé, leur nutrition et leur éducation », signale l'UNFPA.

Education et information

L'accès à l'éducation, à l'information sur la sexualité et aux services de santé sont les trois grandes réponses abordées par le rapport. Si la plupart des jeunes ont accès à l'école, 57 millions de jeunes hommes et 96 millions de jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ne savent ni lire ni écrire dans les pays en développement.
L'information sur la sexualité doit être adaptée à chaque âge et dispensée par le biais de l'école mais aussi des institutions sociales (clubs de jeunesse laïques ou religieux), la famille ayant beaucoup de mal à communiquer sur ce sujet. Le message de prévention - abstention, fidélité et utilisation de préservatifs - vise à retarder l'activité sexuelle et à encourager un comportement responsable.
La lutte contre le sida passe également par le conseil, mais aussi la pratique (non obligatoire) de tests. La plupart des jeunes infectés ignorent aujourd'hui leur séropositivité. On sait que la pratique des tests diminue les comportements à risque, même si « rares sont, malheureusement, ceux qui dans le monde en développement ont accès aux antirétroviraux en cas de test positif », regrette l'UNFPA. De ce point de vue, la promotion de la santé doit s'accompagner d'un accès aux services répondant aux besoins spécifiques des jeunes. Le rapport met l'accent sur la santé de la reproduction : prise en charge des grossesses précoces et leurs complications (avortements, fistules obstétricales).
Les objectifs ainsi définis sont ceux du Millénaire pour le développement auxquels ont souscrit la plupart des dirigeants, en 2000 : réduire l'extrême pauvreté et la faim, ralentir la propagation du VIH, réduire la mortalité maternelle et infantile, et améliorer le développement durable d'ici à 2015. Ils seront atteints avec d'autant plus de succès que la priorité sera donnée aux investissements dans la santé et l'éducation des adolescents. Ils « sont au nombre des dépenses les plus rentables aux fins de développement si l'on considère leur rendement pour la société et l'individu ». A titre d'exemple, le rapport rappelle que, « pour toute infection par le VIH/sida évitée, le bénéfice économique est évalué à 34 600 dollars dans un pays pauvre dont le revenu annuel par habitant est de 1 000 dollars ».

Dr Lydia ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7400