VIH : la lutte contre les discriminations doit s’améliorer

Publié le 15/12/2011
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Crédit photo : © AFP

APRÈS une série de 4 forums régionaux, en Lorraine Champagne-Ardenne, PACA Ouest-Corse, Languedoc-Roussillon et dans le Nord - Pas-de-Calais, la deuxième série des COREVIH en actions s’est achevée par un colloque de synthèse à Paris. Comme lors du premier Forum, les discriminations étaient au cœur du débat, en écho d’une année marquée notamment par la réforme du droit au séjour des étrangers malades loi du 16 juin 2010. « Les douze derniers mois furent éprouvants du point de vue des batailles menées et malheureusement perdues », a souligné Marie Henocq, représentante de la CIMADE et de l’Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE). Le Pr Thierry May, chef du service des maladies infectieuses et tropicales au CHU de Nancy et président du COREVIH, l’a rappelé : « 80 % des COREVIH se sont mobilisés contre l’amendement Mariani. » Fabrice Pilorgé, de l’association AIDES, a d’ailleurs fait observer que, au même titre que beaucoup de sociétés savantes, « les COREVIH pour la première fois ont joué un rôle de conseil auprès du législateur », un rôle d’observatoire et de conseil que ces structures créées en 2007 devraient, selon lui, être amenées à jouer plus souvent à l’avenir.

Les participants ont souligné leurs inquiétudes quant aux conditions d’accès aux soins des étrangers gravement malades. Quelques exemples de difficultés supplémentaires ont d’ailleurs été cités : interpellation à domicile des personnes vivant avec le VIH, non-renouvellement des cartes de séjour, réquisitions policières pour contrôle des certificats médicaux, disparités des décisions en fonction des ARS ... Pourtant, tous ont accueilli avec satisfaction l’instruction du 10 novembre publiée par le ministère de la Santé. « Dans l’ensemble des pays en développement, il n’est pas encore possible de dire que les personnes séropositives peuvent avoir accès aux traitements antiviraux ni à la prise en charge médicale nécessaire pour les porteurs d’une infection par le VIH », souligne le texte du ministère. Le document précise aussi le rôle du médecin de l’ARS, celui du directeur de l’ARS, rappelle le respect du respect médical et du secret professionnel et fournit des outils d’aide à la décision pour les médecins en charge des dossiers. Sur le terrain, « il reste des progrès à faire dans l’harmonisation des pratiques des médecins des ARS », a toutefois reconnu le Dr Christine Barbier, rédacteur du texte pour la Direction générale de la santé.

En prison.

La discrimination existe vis-à-vis des sans-papiers atteints de pathologies graves mais aussi des détenus malades, infectés par le VIH, le VHC. Le Dr Barbier a donné les résultats du volet « offre de soins » de l’étude PREVACAR. La prévalence du VIH est estimée à 2 % (1 220 personnes dont un quart ont découvert leur séropositivité en prison), celle du VHC à 4,8 % (3 000 personnes dont 1 sur 5 l’on découvert au moment de l’incarcération. « Les prévalences du VIH et du VHC sont 6 fois plus élevées qu’en milieu libre », a relevé le Dr Barbier. Des progrès doivent encore être réalisés dans le domaine de la prévention comme dans celui de l’offre de soins (étude réalisée auprès de 168 UCSA). Si 93 % des UCSA proposent systématiquement le dépistage à l’entrée, seulement la moitié renouvellent la proposition en cas de refus, comme le préconisent les recommandations. Un tiers seulement des UCSA ont une antenne CDAG (centre de dépistage anonyme et gratuit) et, lorsqu’elle existe, 68 % assurent une présence hebdomadaire.

« La prise en charge du VIH ou du VHC reste possible en prison, a commenté le Dr Barbier. Mais la sortie représente un moment critique avec un risque de rupture de soins. » Seulement la moitié des UCSA mettent en place des procédures formalisées de sortie. Concernant le traitement substitutif aux opiacés, 100 % des établissements déclarent avoir accès à au moins un des deux types (BHD ou méthadone). L’étude montre aussi que 18 % des équipes déclarent avoir eu connaissance de découvertes de seringues usagées ce qui laisse, comme dans l’étude PRI2DE supposer des pratiques d’injection. Le rapport est en ligne sur le site du ministère de la Santé.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr