L ES lésions orales sont fréquentes au cours de l'infection par le VIH. Pour évaluer les modifications de leurs manifestations au cours du temps et en association avec l'introduction des différents traitements antirétroviraux, Deborah Greenspan et coll. ont mené une investigation sur neuf ans dans le centre de stomatologie de l'université de San Francisco : 1 280 patients ont été rétrospectivement étudiés entre 1990 et 1999. Les résultats ont été divisés en neuf périodes de douze mois. La présence des différentes lésions orales - candidose (y compris la forme pseudomembraneuse), leucoplasie chevelue, papillomatose buccale, stomatites aphteuses, sarcomes de Kaposi - a été recherchée et étudiée en relation avec le traitement, qu'il comprenne ou non des antiprotéases, et après ajustement pour le taux des CD4 et la charge virale. On a considéré attentivement trois lésions clefs : la candidose orale, la leucoplasie chevelue et la papillomatose buccale.
Pendant les neuf périodes de douze mois, l'incidence des candidoses buccales, des leucoplasies chevelues et des sarcomes de Kaposi a décru de manière substantielle, tandis que la fréquence des stomatites aphteuses ne s'est pas modifiée et que celle des papillomatoses buccales a augmenté de manière importante.
Le taux des CD4 s'est accru au cours du temps chez les individus ayant des papillomatoses (96 cellules/μl en 1990-1991 et 350 en 1998-1999), tandis qu'il n'a pas changé dans le cas des candidoses ou des leucoplasies. Après l'entrée en usage des antiprotéases, c'est-à-dire au cours des années 1996-1999, la prévalence des candidoses a diminuée chez les patients sous traitement antirétroviral, avec un OR pour le risque de 0,28 pour un traitement comportant une antiprotéase et de 0,32 dans le cas contraire.
On ne trouve aucune association entre la leucoplasie chevelue et le traitement, quoiqu'il comporte.
Enfin, pour ce qui concerne la papillomatose buccale, on constate une augmentation pendant les années 1996-1999 : la fréquence est de 5 % chez les patients sans traitement contre 15 % chez ceux ayant un traitement sans antiprotéase et 23 % chez ceux qui en ont une (OR de 6,8 dans ce dernier cas, atteignant la significativité).
Ces résultats suggèrent que, de manière inattendue, le traitement par antiprotéase puisse être une cause de papillomatose buccale, observent les auteurs. Un lien a été suggéré auparavant, tout comme avec d'autres infections opportunistes (la tuberculose, la rétinite à CMV). La reconstitution du système immunitaire est peut être incomplète sur le plan fonctionnel. Une situation qui pourrait induire le développement de papillomatose buccale ou cutanée dans un contexte de réduction des infections opportunistes.
« The Lancet », vol. 357, 5 mai 2001, pp. 1 411-1 412.
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