De notre envoyée spéciale
Pour la recherche d'un vaccin contre le VIH, bien qu'un vaccin prophylactique préventif de l'infection doive théoriquement susciter à la fois une réponse cellulaire et humorale - les anticorps pouvant supprimer les particules virales et les cellules cytotoxiques se dirigeant contre les cellules infectées -, le composé immunogène capable d'induire une réaction importante contre le virus avec des anticorps efficaces reste à trouver. L'intérêt d'une stimulation de la réponse immunitaire cellulaire a été démontré.
A cet égard, les évaluations chez des patients séropositifs ont prouvé que les réponses les plus fortes sont obtenues lorsqu'on cible les produits des gènes viraux gag, pol et nef. Les tests chez des populations infectées par différentes souches du VIH indiquent que les réponses sont indépendantes des clades.
•Adénovirus de type 5 et gag
L'équipe dirigée par le Pr Emilio A. Emini (centre de recherche Merck, West Point, Etats-Unis) s'est concentrée sur l'utilisation d'un vecteur adénoviral de type 5, défectif pour la réplication, qui permet d'induire une immunité cellulaire spécifique plus importante qu'en utilisant l'ADN nu, ce qui avait été initialement tenté.
Après des essais concluants chez des primates, des études de phase 1 ont été engagées chez un groupe important de plus de 500 volontaires sains et séropositifs pour évaluer la sécurité et l'immunogénicité de vecteurs vaccinaux adénoviraux de type 5 exprimant un gène gag du VIH-1 clade B. S'il est encore trop tôt pour pouvoir conclure, « les résultats sont encourageants, a commenté le chercheur : comme chez le primate, le vecteur adénoviral est immunogène chez les humains et une réponse cellulaire a été obtenue. Les essais se poursuivent ».
Les essais comparatifs chez des primates avaient permis de constater que les adénovirus exprimant le gène gag du VIH-1 sont particulièrement efficaces pour induire des réponses cellulaires spécifiques produisant des CD8 cytotoxiques et des CD4 helpers.
Il faut penser à la possibilité d'une immunité humorale préexistante contre le vecteur. Pour parer à cette éventualité, on peut utiliser soit une dose élevée du vecteur, soit susciter la réponse immunitaire en utilisant un vecteur sous la forme d'ADN nu qui exprime gag.
De fait, les singes Rhésus immunisés avec un vecteur adénoviral exprimant gag du SIV, puis infectés par le virus hybride SHIV, ont présenté une infection très atténuée. Le candidat vaccin n'a pas empêché l'infection mais on a observé chez ces animaux, après une épreuve d'inoculation par de lourdes charges de virus SHIV, une diminution drastique de la réplication virale à long terme (huit mois).
• Poxvirus, gag, pol et env
G. Franchini et coll. (Aventis Pasteur, Toronto) mènent leurs travaux avec un autre type de candidat fondé sur le principe d'un vecteur poxviral atténué (candidat NYVAC-SIV-gpe) portant de l'ADN exprimant les protéines gag, pol et env. Des macaques ont été vaccinés avec de l'ADN exprimant gag et env, puis avec le candidat NYVAC-SIV-gpe, et comparés à des animaux n'ayant que le candidat vaccin. Une épreuve d'exposition muqueuse par du virus SIV hautement pathogène (SIV mac 251) a montré que la meilleure réponse était constatée chez les animaux ayant reçu les deux modes de stimulation. La réplication virale a été contenue et une réduction significative de la virémie a été obtenue à la fois pour l'infection aiguë et l'infection chronique. Les résultats sont intéressants, même si la stérilisation de l'infection n'a pas été observée.
• Cellules dendritiques présentatrices d'antigène
N. L. Haigwood et coll. (Seattle) s'intéressent à la cellule dendritique présentatrice d'antigène. Ces cellules stimulées par un contact avec des antigènes viraux peuvent-elles induire une protection contre une infection par le SIV ? Les chercheurs ont incubé des cellules dendritiques de macaques avec du virus SIV entier mais inactivé et réinfusé le tout chez des singes. Après six immunisations de ce type, les singes ont reçu une dose létale de SIV ; vingt-quatre heures plus tard, 6 animaux sur 10 avaient des taux soit bas soit indétectables de virus, comparativement à un seul animal chez les contrôles. Les CD4 étaient supérieurs à 500 chez les contrôles et inférieurs à ce taux chez les vaccinés.
Les observateurs estiment que les réponses à la fois cellulaire et humorale sont suscitées par cette approche, et que les cellules dendritiques peuvent représenter de bons vecteurs d'antigènes pour un candidat vaccin.
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