De notre correspondante
à New York
Les études suggèrent qu'un vaccin efficace contre le VIH-1 devrait provoquer, entre autres effets, une réponse anticorps dirigée contre les protéines d'enveloppe du VIH-1 (la gp120 externe et la gp41 transmembranaire).
Toutefois, les efforts pour induire une réponse anticorps largement protectrice piétinent en raison du polymorphisme antigénique élevé de l'enveloppe du VIH-1. Il n'a pas été possible d'identifier un épitope (déterminant antigénique) convenable générant des anticorps qui s'attacheront à toutes les souches du virus.
Le polymorphisme antigénique élevé résulte : de la mutation incessante du virus dans les régions constantes et variables de la protéine d'enveloppe du VIH-1 ; de la structure d'enveloppe complexe de gp120 associée à gp41 ; et des recombinaisons entre les différentes clades du VIH-1. Il existe au moins huit sous-types - ou clades - (de A à H) du VIH-1 du groupe M (majeur), qui diffèrent les uns des autres de 30 % au niveau des séquences codant pour le gène env.
L'absence de protection croisée
A cet égard, si les singes immunisés avec l'enveloppe d'une souche VIH-1 donnée peuvent être protégés contre l'inoculation ultérieure d'une souche virale de même enveloppe, ils sont en revanche peu ou pas protégés contre l'inoculation de virus hétérologues portant des protéines d'enveloppe différentes. Cette absence de protection croisée soulève des doutes sur la capacité des vaccins basés sur l'enveloppe à conférer une protection substantielle contre les souches de terrain.
Pour surmonter ces difficultés, Chen, Scala, Fauci (National Institute of Allergy and Infectious Diseases, NIH, Bethesda) et coll. ont cherché à identifier un pool d'épitopes qui sont communs aux différentes clades et quasi-espèces du VIH-1, afin de les utiliser dans un vaccin pour induire une réponse anticorps polyvalente.
Les chercheurs ont dépisté deux bibliothèques de peptides (déployées dans des bactériophages) avec des anticorps d'individus infectés par des VIH-1 de clade B, et sont parvenus à identifier un pool de peptides qui se comportent comme des imitateurs antigéniques d'épitopes du complexe gp120/gp41. Ces épitopes, ont ensuite constaté les chercheurs, sont communs à toute une gamme d'isolats VIH-1 de clades différentes (A-F).
De plus, ces épitopes se lient aussi aux anticorps produits par les singes infectés par diverses souches SHIV. L'équipe a cherché à savoir si ces épitopes peuvent induire une réponse immune protectrice lorsqu'ils sont injectés chez le singe. Cinq macaques rhésus ont été immunisés avec un pool de cinq épitopes (injections à 0, 10, 20, 30 et 40 semaines). A la fin du protocole d'immunisation, quatre des cinq singes ont développé des taux importants d'anticorps dirigés contre chacun des épitopes injectés, ainsi que des anticorps contre l'enveloppe du VIH-1 (gp140 de la souche 89.6).
Quatre semaines après la dernière immunisation de rappel, les singes ont reçu l'inoculation IV de virus libre SHIV-89.6PD à des doses pathogéniques (60MID50).
Virémie plus faible, moindre baisse des CD4
Tous les singes ont été infectés. Toutefois, par contraste avec les singes non immunisés ou faussement immunisés, quatre des cinq singes immunisés (ceux qui ont développé une réponse immune) ont présenté une virémie significativement plus faible, suivie de phases de virémie indécelable ou transitoire, et une baisse plus faible des cellules T CD4+. De plus, ces quatre singes ont été protégés contre la progression vers le SIDA.
Cette nouvelle approche pourrait donc conférer une protection contre des isolats hétérogènes de terrain, concluent les chercheurs.
« Nature Medicine », novembre 2001, p. 1225.
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