BASTION de la Belle Époque «aux portes de l’Asie» - c’est ici que Gérard de Nerval commença son fameux « Voyage en Asie » -, la capitale autrichienne, dont la vertigineuse flèche gothique de la cathédrale Saint-Étienne marqua la limite de deux mondes à l’époque des grandes invasions turques qui se brisèrent sous ses murs, brille toujours de tous ses feux contrastés de métropole d’Europe centrale : heureux cocktail de rigueur germanique et de romantisme autrichien enrichis d’apports slaves, hongrois, moyen-orientaux et balkaniques.
Avec ses châteaux et ses palais, ses musées, son célèbre opéra et ses cafés Belle Époque, Vienne a su garder intactes les splendeurs héritées des siècles de puissance et de gloire du défunt empire des Habsbourg.
Monuments baroques et rococo du temps de Marie Thérèse, magnifiques jardins « à l’antique » de son fils Joseph II, élu empereur romain germanique en 1765, classicisme et sobriété des édifices sous les ministres Schwarzenberg et Metternich, romantisme antiquisant et dépouillé Biedermeir à l’époque du «congrès dansant» et de la révolution de 1848, débauche néo-gothico-Renaissance sous François Joseph, aucune autre ville d’Europe n’offre un semblable enchevêtrement d’aspects historiques ni une telle concentration de styles flamboyants.
Classique, baroque et art nouveau.
Autour du Ring qui encercle le vieux Vienne, édifié en 1857 par François Joseph, s’accumulent les trésors médiévaux et baroques. Les grands classiques comme le palais de la Hofburg, où plane l’ombre de l’empereur et de l’impératrice Sissi. Résidence impériale jusqu’en 1918, aujourd’hui siège du président de la République, sa salle des Redoutes, avec ses grandes baies et son majestueux escalier à double révolution, sert toujours aux grands bals mondains et aux concerts classiques.
Dans cet immense complexe officiel, mi-baroque mi-classique, aux piliers de marbre ornés de statues antiques et aux interminables galeries brillantes d’ors, où appartements et palais impériaux succèdent aux chancelleries et aux musées, on peut admirer de superbes collections ainsi que le Trésor impérial et aussi l’école d’équitation espagnole où l’on continue de dresser les magnifiques lipizzans blancs.
L’ancienne résidence d’été des Habsbourg, l’incontournable château de Schönbrunn, évoque Versailles et ses splendeurs.
L’empereur François Joseph aimait se promener chaque matin dans les jardins peuplés de statues et de fontaines. Dans le parc, synthèse du baroque et de l’art nouveau avec sa monumentale gloriette et sa serre aux palmiers, son obélisque et sa ruine romaine, Rostand plaça le quatrième acte de « l’Aiglon ».
Élevés hors des anciennes fortifications, une fois écartée la menace turque, s’étalent les anciens palais princiers, crépis blancs ou pistache, dont les jardins descendent jusqu’aux esplanades du Ring. Comme l’immense et orgueilleux belvédère du prince Eugène ou le palais Schwarzenberg, tout aussi fastueux, avec leur architecture pour coup de théâtre : massives rotondes ornées de statues, innombrables terrasses et escaliers, salons aux murs en trompe-l’oeil aux extravagantes perspectives et portiques soutenus par de musculeux titans.
Mozart en sa maison.
Au centre de la vieille ville trône l’Opéra, qui fût dirigé par Gustav Malher. De style Renaissance française, il a été inauguré en grande pompe le 27 février 1870 avec la création des « Maîtres chanteurs de Nuremberg ». Détruit par les bombes en mars 1945 (de façon fortuitement symbolique, juste après une représentation du « Crépuscule des Dieux » !) puis patiemment restauré, l’opéra accueille toujours les plus prestigieuses représentations mondiales.
Quelques mètres plus loin se dresse l’église des Capucins, qui abrite l’émouvant caveau impérial, dernière demeure des Habsbourg. Là gisent, embaumés dans leurs cercueils de bronze et de fer, douze empereurs et dix-sept impératrices, parmi lesquelles Zita, dernière impératrice d’Autriche-Hongrie inhumée en 1989.
Non loin de là, la superbe cathédrale Saint-Étienne avec sa nef gothique, son porche monumental et ses deux clochetons de style roman flamboyant, marque le centre de la ville de sa haute flèche de presque 137 mètres. C’est dans cet édifice, symbole de la ville, que fut célébré le 4 août 1782 le mariage de Wolfgang Amadeus Mozart avec la jeune Constanze Weber.
Le compositeur de « la Flûte enchantée » n’habita pas moins de sept résidences successives dans sa ville d’adoption. Seule demeure existant encore à ce jour, celle du n° 5 de la Domgasse, où il résida de 1784 à 1787, a été rouverte au public en janvier dernier. On peut parcourir les pièces de cet appartement de maître composé de quatre grandes pièces, deux petits salons et une cuisine.
On ne manquera pas de visiter, outre l’exposition Mozart, au palais de l’Albertina, la superbe « Maison de la musique », dans l’ancien palais de l’archiduc Karl où résida Otto Nicolaï, fondateur, en 1842, de l’Orchestre philharmonique de Vienne. Ce musée permet de découvrir, au fil de ses sept étages déclinés en autant de niveaux thématiques, une histoire complète de la musique, de l’origine des sons les plus primitifs aux plus futuristes en passant par les grands compositeurs viennois.
La tradition des cafés.
On ne manquera pas non plus de se rendre au Muséum Quartier, impressionnant espace culturel, mélange de baroque et de blocs de béton futuristes, situé à l’em- placement des anciennes écuries impériales, pour admirer, au musée Léopold, la plus grande collection d’oeuvres d’Egon Schiele, ainsi qu’un grand nombre de tableaux de peintres modernes autrichiens, comme Gustav Klimt, Kokoschka et Gerstl.
En flânant dans les innombrables ruelles autour de la cathédrale, la Kärntnerstrasse, le Graben et le Kohlmarkt, la rue commerçante la plus sélecte de la ville, on sacrifiera à la tradition en faisant halte chez Demel, le plus célèbre des cafés viennois qui jouxte la Hofburg. Fournisseur du palais, où l’ancienne cour appréciait fort ses glaces et ses pâtisseries, l’établissement a gardé un charme très ancien régime avec ses mosaïques, ses miroirs d’époque, ses candélabres, ses stucs peints et le style à la fois charmant et désuet de ses serveuses en uniforme noir, col et tabliers blancs.
Autre visite obligée, celle du cultissime Sacher, hôtel-monument de la Vienne de la Belle Époque, qui fait face à l’Opéra. Le Sacher se visite presque comme un musée avec ses tentures de soie, ses meubles Biedermeir, ses tableaux de maîtres et ses cabinets particuliers, immortalisés par le romancier Arthur Schnitzler dans son « Souper d’adieu ».
Mais l’établissement doit aussi sa célébrité à la fameuse « Sachertorte », sublime tarte au chocolat, inventée par le père du cuisinier Eduard Sacher, fondateur de l’hôtel en 1876, et dont les Viennois font toujours leurs délices.
Voir à Vienne
– L’Exposition « Mozart - L’expérience des Lumières », au palais de l’Albertina (jusqu’au 20 septembre 2006).
– Le musée Léopold, qui abrite la plus grande collection d’oeuvres d’Egon Schiele ainsi que d’intéressants tableaux de Gustav Klimt.
– Le musée d’Art baroque du Belvédère inférieur, avec la collection partielle de la Österreichische Galerie et ses oeuvres des XVIIe et XVIIIe siècles.
– La Maison de la musique, installée dans un palais ancien où a été fondé en 1842 l’orchestre philharmonique de Vienne : un univers moderne et interactif entièrement dédié à la musique et à l’origine des sons.
– Près de la cathédrale Saint-Étienne, la Mozarthaus Vienna, entièrement rénovée en janvier 2006, est la seule demeure viennoise du compositeur existant à ce jour ; c’est là qu’il écrivit « les Noces de Figaro ».
– Du 12 mai au 18 juin, le festival de Vienne, inauguré par un grand spectacle gratuit devant l’Hôtel de ville. Au programme : «la Flûte enchantée » et « Cosi fan tutte », au Théâtre an der Wien, et « Zaïde ou le sérail », au Jugenstiltheather (www.festwochen.at).
Délivrée par les hôtels, la Vienna Card donne accès aux transports en commun et droit à des réductions dans la plupart des musées et dans les magasins. Prix par personne : 21 euros (validité 72 heures), gratuité pour les moins de 15 ans.
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