ARTS
Les historiens s'accordent à tenir pour exceptionnellement créative une période charnière qui précède une catastrophe, un changement radical de la société. La scène viennoise est exemplaire dans ce concept, et à la charnière des XIXe et XXe siècles, l'activité artistique s'y fonde dans le mouvement de la « sécession », créé par Klimt en 1897, et qui va rallier un grand nombre d'artistes, tous opposés aux tyrannies de l'académisme.
Ils sont aujourd'hui rassemblés dans une exposition digne des plus grands musées, proposée par l'actif et imaginatif musée de Lodève qui, depuis quelques années, accumule les initiatives intéressantes.
Le panorama d'une pensée partagée
La sécession est un mouvement de pensée, un art de vivre autant qu'une esthétique. On s'y veut libre de regard et de murs. Dans le même temps, et dans leur voisinage immédiat, Sigmund Freud jette les bases de la psychanalyse. On peut y voir un hasard, mais plus sûrement une nécessité. Celle d'un grand changement de l'homme dans une société étriquée.
Le fondement éthique de la sécession conduit tout naturellement à l'expressionnisme qui, lui, gagnera l'Allemagne. Les arts se fondent, peintres et écrivains confrontant leurs visions. C'est l'époque de Schnitzler, Musil, Stefan Zweig, Hofmannsthal, Broch, et des musiciens Schönberg, Webern, une véritable ébullition de la pensée.
On a tout naturellement, de l'histoire de la sécession, une vision véhiculée par ses plus illustres représentants : Klimt, Egon Schiele, Kokoschka. L'intérêt de l'exposition proposée ici est que l'on offre un panorama beaucoup plus large du phénomène, incluant des artistes moins répandus dans les musées et illustrant les différentes facettes de ce qui est moins une esthétique commune qu'une pensée partagée.
Si la sécession est historiquement située dans l'esprit « fin de siècle », annonce la Première Guerre mondiale et l'effondrement de la puissance autrichienne, elle va créer une tradition de la peinture viennoise qui se confond avec l'expressionnisme, et peut aussi se dégager de l'influence très localisée d'un Klimt ou d'un Egon Schiele, comme en témoignent un Herbert Boeckl (1894-1966), Joseph Floch (1894-1977) qui, lui, va rallier le néo-réalisme promu à Paris dans les années 1930, ou encore Richard Gerstl (1833-1908), dont l'uvre angoissée constitue une sorte de continent à soi seul. Décorateur de théâtre, Gütersloh (1887-1973) va, élargissant son univers propre, en frôlant même le surréalisme, Anton Kolig (1886-1950) opte plutôt pour l'art monumental, Max Oppenheimer émarge du côté de dada.
Une diversité apparaît que ne laisse pas supposer l'emprise première de la sécession qui, autant qu'un groupe d'artistes animés par une commune volonté de changer les choses, devient le vivier d'un art en constante mutation.
« Peintres de Vienne. De la sécession à l'sxpressionnisme. », musée de Lodève. Jusqu'au 3 novembre. Tous les jours, sauf le lundi, de 9 h 30 à 12 h et de 14 h à 18 h. Entrée 6 euros.
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