Il y a des jours où même pour tout l’or du monde on ne voudrait pas être à la place de Xavier Bertrand avec sa double casquette de ministre de l’Emploi et de la Santé. À peine digérés les mauvais chiffres du chômage, le malheureux est attendu jeudi sur les mesures de redressement de la Sécu. Objectif de ce PLFSS 2012 : diviser par deux en deux ans le déficit de l’Assurance-maladie, c’est-à-dire ramener le "trou" à 6 milliards d’euros. Par les temps qui courent, cette feuille de route tient presque de la mission impossible. Comme pour le budget de l’Etat, il s’agit, en pleine crise de la dette, de donner des gages sur la capacité des finances sociales de s’assainir. Mais en même temps, pas question de mettre à contribution l’assuré trop directement pour éviter de déprimer le consommateur, accessoirement aussi, un électeur...
Boucler un PLFSS dans ces conditions est un peu la quadrature du cercle. D’autant que, malgré les exhortations de la Cour des comptes, il n’est plus si facile de faire pression sur les blouses blanches. Les dépenses d’assurance-maladie évoluent sagement et les hôpitaux n’ont plus un sou en poche... Pas étonnant dans ces conditions que le gouvernement ait recours aux vieilles ficelles : on sollicite les mutuelles et on met à contribution les labos. Une fois de plus, qu’il s’agisse de nouvelles taxes, de baisses de prix ou de nouveaux déremboursements, l’industrie devrait être la vache à lait de ce PLFSS 2012. Et, dans le contexte de l’affaire Mediator, qui prêtera l’oreille à ses protestations ?
Restera ensuite au gouvernement à piocher dans les 2,2 milliards d’économies proposés par la CNAMTS au début de l’été : baisses de la cotation de produits de santé, révision des tarifs des spécialités les plus lucratives, nouveaux référentiels de prescription... En juillet également, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) y était aussi allé de ses suggestions, cette fois sur le volet recettes de la Sécu. Son rapport expliquait en substance ce que tout le monde en fait sait déjà : si la Sécu est malade, c’est surtout faute de rentrées suffisantes. De fait, le gouvernement devrait annoncer quelques milliards de recettes supplémentaires. Une poire pour la soif. Car sur le fond, le CESE a bien peu de chance d’être entendu. Cachez cette CSG que je ne saurais voir !
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