LE TEMPS DE LA MEDECINE
Mais d'où viennent les animaux de laboratoire et quel sort leur réserve-t-on ? Stop aux fantasmes : les chercheurs ne chassent ni les chiens et chats errants, ni les rats d'égout ou les souris du métro pour les torturer dans des sous-sols insalubres : les animaux utilisés en recherche proviennent de centres d'élevage spécialisés déclarés et sont traités avec le plus grand soin de leur naissance à leur mort (certes, parfois prématurée). Leurs conditions de vie dans les animaleries, les expériences auxquelles ils participeront ainsi que leur devenir à l'issue de ces expériences sont réglementés par un ensemble de textes très précis.
L'origine contrôlée des animaux de laboratoire garantit leur statut sanitaire, ainsi qu'une homogénéité génétique nécessaire à la reproduction de certaines expériences. En outre, ces animaux coûtant assez cher, ce système conduit les chercheurs à limiter leur utilisation et à les traiter avec le plus grand soin possible.
Transport : sécurité et confort
Le transport des animaux depuis le centre d'élevage jusqu'à l'animalerie du laboratoire est réalisé dans des conditions optimisées pour leur confort et leur sécurité. A leur réception, ils sont examinés par un vétérinaire et installés dans un local de quarantaine. Dans chaque établissement, un registre d'entrée-sortie doit être tenu pour chaque espèce utilisée. Ces registres sont visés par le commissaire de police ou le préfet. Ils contiennent toutes les informations concernant les animaux achetés ou nés au sein de l'établissement. Ils permettent d'assurer une parfaite traçabilité des animaux utilisés.
A l'animalerie, chaque espèce est hébergée dans des locaux séparés. Les animaux génétiquement modifiés sont confinés afin d'éviter toute évasion ou contamination. La taille et la facture des cages ou des enclos des animaux leur permettent de se mouvoir librement sans risquer de se blesser. La propreté est évidemment irréprochable. Des systèmes de ventilation et de filtration de l'air fournissent aux animaux un air pur et fréquemment renouvelé. La température, l'hygrométrie sont contrôlées de manière à convenir à la physiologie de chaque espèce. Un éclairage artificiel reproduit un cycle jour/nuit qui respecte le mieux possible le rythme naturel des animaux hébergés. L'intensité de la lumière délivrée est contrôlée, en particulier dans le cas des animaux albinos, qui ne supportent pas un éclairage puissant. Une isolation phonique permet d'éviter les troubles du comportement liés au bruit. Un fond sonore doux (musique d'ambiance) est souvent adopté. Il évite que les animaux soient stressés dès qu'un bruit rompt le silence. Les animaleries comportent, en outre, des pièces réservées à l'expérimentation, séparées des pièces de stabulation.
Un temps d'acclimatation
Un temps d'acclimatation, allant d'une à plusieurs semaines selon l'espèce, doit être respecté entre l'arrivée des animaux et le début de l'expérience. En dehors des réglementations et de la compassion que suscite un animal voué à l'expérimentation, il importe aux chercheurs que ces animaux ne soient pas soumis à des perturbations (peur, douleur...) car la validité de leurs travaux en dépend : tout stress entraîne des modifications du comportement et certains paramètres physiologiques qui fragilisent les animaux et modifient les résultats des expériences. C'est pourquoi les animaux doivent se familiariser avec l'expérimentateur par l'intermédiaire des soins qui leur sont prodigués durant la période d'acclimatation qui précède l'expérimentation. La sensation de peur ressentie par l'animal au moment de l'expérimentation sera limitée s'il a été manipulé avec bienveillance auparavant. De même, l'expérimentateur, en se familiarisant avec l'animal, sera plus à même de le manipuler correctement : la durée de l'expérience, l'inconfort de l'animal et le risque de devoir renouveler la manipulation seront ainsi réduits.
Les expériences menées sur les animaux ont obligatoirement été autorisées par la direction des Services vétérinaires du département et le ministère de tutelle dont dépend l'établissement où elles seront pratiquées. Si elles entraînent ou risquent d'entraîner des souffrances, elles doivent être pratiquées sous anesthésie, éventuellement accompagnée d'un traitement analgésique. Si les expériences sont incompatibles avec de telles mesures, il ne sera pas pratiqué plus d'une expérience par animal.
Une douleur persistante ne doit pas être infligée à un animal : si le sujet d'étude est la douleur, les chercheurs devront utiliser des protocoles d'évitement (expériences dans lesquelles les animaux peuvent éviter d'être soumis à la douleur).
Au terme d'une expérience, si l'animal n'a souffert d'aucune façon et que son état de santé et de bien-être est normal, il pourra retourner à l'animalerie et être utilisé pour de nouvelles expériences. En revanche, l'euthanasie est obligatoire si l'expérience a entraîné une souffrance prolongée et/ou des dommages irréversibles chez l'animal. Fréquemment, l'euthanasie est exigée par le protocole expérimental pour le prélèvement d'organes ou de tissus en vue d'études in vitro ou d'examens. Quelles que soient les circonstances, le sacrifice des animaux devra être pratiqué de la façon le plus humaine possible. Après autopsie, les cadavres seront incinérés.
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