Les experts de l'Union européenne ont vite remonté la chaîne de la contamination à l'hormone interdite MPA : une entreprise belge aujourd'hui en faillite, Bioland, produisait un sirop de glucose à partir de déchets pharmaceutiques importés d'Irlande, dans des conditions de légalité douteuses ; l'usine pharmaceutique concernée fabriquait des pilules contenant de la MPA et du glucose pour fabriquer l'enveloppe de celles-ci.
Facile en amont de Bioland, l'enquête est plus laborieuse en aval pour repérer tous les sites de dissémination de l'hormone. En France, selon la Direction générale de l'alimentation (DGAL, ministère de l'Agriculture), un élevage de l'Ain aurait acheté 200 porcs issus d'une exploitation néerlandaise à risque, cinq tonnes de viandes de porcs belges auraient été livrés à deux autres exploitations, dans l'Ain et l'Ille-et-Vilaine. Et une trentaine de revendeurs d'aliments pour animaux ou d'éleveurs auraient reçu des aliments susceptibles d'avoir été contaminés, en provenance de Belgique et des Pays-Bas. Dans tous les cas, les services vétérinaires (DDSV) et ceux de la répression des fraudes (DGCCRF) conjuguent leurs efforts pour suivre la trace de tous les animaux et produits suspects, les premiers étant placés sous séquestre et les seconds consignés.
La France s'en tire bien, comparé à l'Allemagne où des centaines de fermes ont été mises sous surveillance, ou à la Belgique (800 exploitations placées sous contrôle).
Pas de risque sanitaire
Les consommateurs européens ne semblent pas, quoi qu'il en soit, exposés à un risque sanitaire particulier « dans la mesure, estiment les experts de l'AFSSA, où l'ingestion reste occasionnelle et si les concentrations résiduelles dans les viandes d'animaux contaminés restent extrêmement faibles en comparaison des doses qui sont utilisées dans les préparations à visée médicamenteuses ».
La MPA, qui est une hormone de synthèse de la famille des progestatifs, a une action essentiellement contraceptive, mais elle est également légèrement anabolisante.
Rassurante quant à l'accident occasionné par Bioland, l'agence n'en estime pas moins nécessaire de rappeler que toute substance hormonale à effet estrogène, androgène ou gestagène, utilisée en tant qu'activateur de croissance en élevage, quelle que soit la forme d'administration (ingestion, implant ou additif alimentaire) présente des dangers pour la santé humaine, notamment une possible augmentation du taux de certains cancers (en particulier dans le cas des estrogènes) et des problèmes de fécondité liés, d'une manière générale, à la consommation d'aliments riches en hormones. C'est pourquoi une directive de l'Union européenne a interdit en 1996 le recours à ces substances. « Parmi les divers groupes à risque, souligne l'AFSSA, les enfants prépubères constituent une population préoccupante en raison de leurs sensibilité particulière à l'apport d'hormone et des effets génétiques, immunologiques, neurologiques et génotoxiques peuvent également être envisagés. »
L'agence se propose, dès lors, de programmer une étude d'ensemble pour évaluer tous les risques liés aux perturbateurs endocriniens.
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