DEPUIS AVRIL 2002, la surveillance des infections à Cambylobacter repose sur un réseau de laboratoires d'analyse de biologie médicale de ville et de laboratoires hospitaliers. Un peu plus de 9 % (325/3444) des laboratoires privés et 25 % (92/409) des laboratoires hospitaliers y participent. Il leur est demandé de rechercher systématiquement Campylobacter dans toutes les coprocultures et d'adresser les souches isolées, qu'elles proviennent de patients malades ou de porteurs asymptomatiques, au Centre national de référence des Campylobacters et Helicobacters.
En 2004 et 2005, le CNR a reçu plus de 4 000 souches (2 868 envoyées par les laboratoires de ville ; 1 308 par les hospitaliers), essentiellement isolées à partir des selles. Seulement 6,7 % ont été isolées des hémocultures. L'incidence estimée à partir des données de surveillance est comprise entre 1 667 et 2 733 pour 100 000 habitants, soit de 800 000 à 2 millions d'infections à Campylobacter par an en France.
En France, le recherche de Campylobacters dans les selles reste à l'initiative des microbiologistes, sauf si elle est spécifiquement prescrite par le médecin. Cependant, le germe représente «la première cause bactérienne de maladies d'origine alimentaire devant les Salmonella ». Du fait de leur implication fréquente dans les diarrhées aiguës, les sociétés françaises de microbiologie, de gastro-entérologie et de médecine générale recommandent aux praticiens de préciser systématiquement « coproculture standard avec recherche de Campylobacter », lors d'une prescription de coproculture devant une diarrhée présumée infectieuse. Afin d'améliorer la surveillance, le réseau devrait être étendu en 2007 et les laboratoires inclus seront incités à rechercher en routine le Campylobacter dans les selles.
C. jejuni le plus fréquent.
Les caractéristiques épidémiologiques des infections observées en France présentent des similarités avec celles observées dans les autres pays industrialisés. Un pic saisonnier est observé durant la période estivale et une incidence plus élevée chez les enfants âgés de moins de 10 ans (15,2 % pour les 65 ans et plus ; 4 % pour les nourrissons de moins de 1 an). Le germe le plus souvent en cause est C.jejuni (77 %), loin devant C.coli (15 %) ou C.fetus (5 %). Toutefois, les personnes infectées par C.fetus ont une moyenne d'âge plus élevée (74 ans). La France se caractérise, en revanche, par une fréquence élevée d'infections chez les femmes jeunes.
Le nombre de cas groupés recensés en 2004 et 2005 s'est élevé à 111 foyers, dont 74 % en milieu familial, 22 % en collectivité et 4 % en restauration commerciale. Seuls les cas survenus en collectivité et en restauration collective ont fait l'objet d'investigation et, pour six d'entre eux, une origine alimentaire a été suspectée (poulet, viande de Kebab).
Les facteurs de risque associés aux infections sporadiques sont la consommation de viande de boeuf peu cuite, une hygiène insuffisante des mains lors de la préparation des aliments en cuisine et un voyage à l'étranger. Dans 4 % des cas, la notion de voyage dans un pays étranger dans les quinze jours précédant le début des symptômes a été retrouvée. Les destinations les plus fréquentes étaient l'Afrique du Nord, l'Afrique subsaharienne et l'Asie.
Enfin, concernant la résistance aux antibiotiques, elle est élevée pour les quinolones, à l'instar de ce qui est observé dans les autres pays. Elle est en hausse – la diminution observée en 2003 ne s'est pas confirmée. Par rapport aux autres pays, la résistance à l'ampicilline est élevée (40 % contre 23 % en Allemagne et 17 % en Finlande). «L'utilisation des antibiotiques en santé animale semble jouer un rôle majeur» dans ces résistances.
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