Avec l’arrivée des premiers schémas thérapeutiques sans interféron, ce sont des traitements beaucoup moins contraignants et plus efficaces que les médecins pourront proposer aux personnes souffrant d’hépatite C chronique. Entre l’hôpital et la ville, le curseur de la prise en charge de la maladie devrait en conséquence se déplacer vers le secteur ambulatoire. Pour Jean Nouchi, médecin généraliste au CSAPA-CSST Emergence de Nice, « le patient ne doit pas être trop saucissonné. Le médecin traitant doit donc rester le chef d’orchestre de la prise en charge de l’hépatite C, avec des liens établis entre les différents intervenants et dans le respect global du patient. Pour ceux qui sont dans une situation de précarité ou qui présentent des comorbidités psychiatriques, il apparaît indispensable de privilégier l’unité de lieu », assure le médecin qui suit justement les patients VHC dans une CSAPA*. « Preuve que la prise en charge dans ce type de structure est possible dès lors qu’il y a une pluridisciplinarité et une volonté », a conclu Albert Tran, chef du service d’hépatologie du CHU de Nice.
Pôle de santé territorial
Philippe Hofliger, médecin généraliste et professeur à la faculté de médecine de Nice, qui a décrit la façon dont il est, avec d’autres professionnels, un pole de santé territorial de premier recours, a apporté des éléments allant dans le même sens. « Notre expérience dans l’accompagnement des patients atteints d’hépatite C nous pousse à coordonner notre action, entre médicaux, paramédicaux, associatif et médico-social. Le pôle sera aussi un lieu d’écoute, d’accueil et d’orientation, en conservant l’articulation avec toutes les ressources – CSAPA, CMP, hôpital… » Sans doute la principale difficulté pour les libéraux reste-t-elle de ne pas se perdre dans le maillage social et associatif qu’ils ne connaîssent pas toujours, a-t-il reconnu. Mais cette démarche devrait permettre un renforcement de la visibilité réciproque des deux secteurs.
La prévention dans l’ETP
« Ce n’est pas parce qu’un traitement est facile à prendre qu’il sera bien pris », a glissé le docteur Régine Truchi, responsable du pôle recherche sur les hépatites du CHU de Nice. Aussi, l’avènement des nouveaux traitements ne signera-t-il pas la fin de l’éducation thérapeutique (ETP), historiquement développée pour optimiser la gestion d’une maladie chronique et de ses traitements : « Aujourd’hui, les séances d’ETP se concentrent notamment sur les modalités d’injections et les effets secondaires du traitement par interféron maintenu au long cours », explique le Dr François Bailly, responsable de la Maison du patient à Lyon. Mais elles s’attardent aussi sur l’ensemble des problématiques en prise directe sur le patient. « L’observance est dépendante des situations de précarité ou comorbidités. Même si le traitement ne dure que quelques semaines, ces questions resteront décisives pour optimiser les chances de guérison. » Le bien-fondé de l’ETP ne devrait donc pas être remis en question ; en revanche, ses modalités, elles, évolueront probablement. D’abord parce qu’avec la possibilité de guérir, viendra le risque de recontamination. L’éducation à la prévention devra donc être réintégrée aux programmes, afin que la prévalence de la maladie puisse baisser in fine. Ensuite parce que, comme l’explique le Dr Marie-Noëlle Hilleret, généraliste du service d’hépato-gastro-entérologie au CHU de Grenoble : « Le coût des nouveaux traitements et celui d’un éventuel retraitement en cas d’arrêt du premier schéma font de l’observance un enjeu central. » Dans ce cadre, « la pluridisciplinarité va permettre de donner plus de chances aux patients », a insisté Régine Truchi. Qu’ils soient hospitaliers, ou articulés autour du trépied libéral médecin-infirmier-pharmacien en lien articulé avec les autres expertises. Et notamment celles relatives à la composante psycho-sociale : des structures comme le réseau lyonnais Prométhée ont élargi leur accompagnement psychique au soutien motivationnel, et à des séances collectives d’estime de soi et de gestion du stress… avec réussite. L’évolution prévisible des programmes pourrait intégrer plus largement ces dimensions, a suggéré Marie-Noëlle Hilleret, généraliste impliquée dans le réseau Prométhée : « Il faudra aussi trouver des modalités selon lesquelles on devra mieux intégrer l’expertise que les patients peuvent apporter. »
Synthèse des Rencontres régionales Hepicure dédiées à la prise en charge des patients atteints d’hépatite C qui ont eu lieu le 7 avril 2014 à Saint Laurent du Var et le 17 avril à Lyon, en partenariat avec les laboratoires Gilead.
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