APRÈS « La Vie de Galilée », « La Mort de Danton », « Le Roi Lear », le merveilleux inventeur d’« Italienne avec orchestre » (spectacle pour fosse, chef, diva et un peu de public), Jean-François Sivadier, qui a participé l’été dernier, co-mise en scène et jeu, à l’aventure de « Partage de Midi » de Claudel à Avignon, avait peut-être envie de prendre une récréation. Il a choisi un monument du vaudeville français, « La Dame de chez Maxim » de Georges Feydeau. Et il s’amuse.
Sa troupe avec. Ensemble, on le voit bien, ils se sont divertis. Le spectacle donne le sentiment de charrier tous les essais que l’on fait en répétition, toutes les propositions. Sivadier refuse le caractère « boulevardier » qu’il y a dans tout vaudeville. La scénographie ne veut pas de salon bourgeois : on est sur un plateau immense (à l’Odéon), des filins traînent partout, des panneaux vont être sans cesse manipulés, portes qui montent ou descendent et, disons-le : c’est assez moche, cela ralentit l’action, cela n’apporte pas grand-chose. D’ailleurs, la scène d’ouverture, celle qui contient cette réplique d’anthologie : « Il fait noir comme dans une taupe », est jouée avec un vrai canapé et un vrai lit ! Et cela marche !
Les costumes ne sont guère heureux, lourds notamment pour ces dames de province qui vont imiter la Môme Crevette et son fameux « Et allez donc, c’est pas mon père ! »… Mais le chef-d’uvre en a vu d’autres !
Vous connaissez le point de départ des aventures de Lucien Petypon (Nicolas Bouchaud) qui découvre, après une nuit de bamboche, la Môme Crevette (Norah Krief) dans son lit… Comment expliquer à son oncle (Gilles Privat) que cette dame n’est pas son épouse. Et l’épouse (Nadia Vonderheyden) qui croit voir une apparition ! N’en rappelons pas plus car le bonheur est dans le rebondissement !
Travail de troupe, donc. Avec un peu trop de gags parfois, un peu trop de mimiques, de courses, de gymnastique : mais ne soyons pas grincheux, l’ouvrage est de toutes manières assez copieux ! Et ce ne sont pas quelques secondes d’agitation supplémentaire qui peuvent le plomber. Puisque l’on rit !
Le jeu emporte l’adhésion. Nadia Vonderheyden est exceptionnelle en épouse allumée, fine, nuancée, cocasse, épatante. Norah Krief est une Môme très personnelle, totalement différente des bourgeoises qu’elle effraie et fascine. Elle, très intelligemment, par sa seule personnalité, retrouve l’essence du vaudeville et du personnage. On la croirait dessinée par Toulouse-Lautrec. Privat est très drôle, sans jamais en rajouter, Nicolas Bouchaud se dépense sans compter, l’il affolé, et toute la troupe suit ! Parfois en prenant du temps. Mais Feydeau, cette pièce folle et ses répliques hallucinantes nous arrachent des larmes de rire !
Théâtre de l’Odéon, du mardi au samedi à 20 heures, dimanche à 15 heures (01.44.85.40.40). Durée : 3 h 30, dont un entracte de 50 minutes. théâtre-odeon.fr. Le spectacle sera en tournée à partir d’octobre et jusqu’en décembre en France, en Belgique, au Luxembourg.
A L’AFFICHE
Paris
« Dans la jungle des villes »
Clément Poirée, dont on avait applaudi il y a quelques saisons un « Kroum l’ectoplasme » de Hanoch Levin, signe une très forte mise en scène de la grande pièce de jeunesse de Bertolt Brecht, avec dans les rôles principaux Bruno Blairet, Philippe Morier-Genoud, Laure Calamy, Catherine Salviat. Dans Chicago, en 1912, une pièce construite selon le mouvement en rounds d’un match de boxe, avec quartier chinois, trafic, drogue, tentations diaboliques, filles perdues… Passionnant comme un polar métaphysique. Traduction excellente de Stéphane Braunschweig.
Théâtre de la Tempête, du mardi au samedi à 19 h 30, dimanche à 16 heures Durée : 3 heures entracte compris (01.43.28.36.36). Jusqu’au 7 juin.
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