« Old Boy », de Park Chan-wook

Vertige à la Coréenne

Publié le 28/09/2004

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VOILÀ UN FILM comme on en voit peu. Inspiré d'un manga, il raconte, en frôlant parfois l'horreur pure, une complexe histoire de vengeance. Répulsif et, sur la durée, fascinant. Fasciné, le jury présidé par Quentin Tarantino lui a attribué le Grand prix du festival de Cannes.
Park Chan-wook affirme que dans son film, le deuxième d'un triptyque sur la vengeance (après « Sympathy for Mr Vengeance »), « les scènes violentes sont très modérées ». Sans doute le réalisateur coréen, qui a adapté un manga en 8 volumes, n'a-t-il pas la même définition que nous de la modération. Il est vrai que le plus horrible n'est pas montré. Mais comme on a déjà fermé les yeux, c'est comme si on voyait vraiment l'insecte qui sort d'une veine, le poulpe avalé vivant, les dents arrachées, la langue coupée... Park Chan-wook explique encore qu'en Corée la possession d'arme à feu est totalement interdite et qu'il est impensable d'imaginer un meurtre commis avec un pistolet (il y en a tout de même dans son film). D'où la floraison d'armes blanches et de combats à mains nues qui font paraître la violence plus directe.
Que la brutalité d'« Old Boy » nous paraisse quasiment insupportable est sans doute à mettre au crédit du réalisateur, à son art de raconter une histoire impossible à croire. Il nous fait partager le triste sort d'un nommé Oh Dae-soo, kidnappé, enfermé pendant de longues années dans les pires conditions, puis, quand il cherche à se venger, victime d'une terrible machination. Une fois qu'on est entré dans le film, qu'on a choisi de supporter ses images sombres et sanglantes, on se laisse entraîner par l'envie de comprendre de quoi il retourne.
C'est en voyant « Vertigo », d'Hitchcock, que le jeune Park Chan-wook, né en 1963, a décidé de devenir metteur en scène. Il n'a pas négligé les leçons du maître.

> R. C.