L’étude ASCOT-BPLA a montré que l’association d’un inhibiteur calcique (l’amlodipine) et un IEC ( le périndopril) est plus efficace qu’une combinaison utilisant un bêta-bloquant et un diurétique dans le contrôle tensionnel régulier avec un effet préventif sur les accidents vasculaires cérébraux. Il y avait dejà eu des travaux suggérant un effet protecteur des antagonistes calciques et une tendance moins favorable des bêta-bloquants sur les accidents cérébrovasculaires. Mais c’est la première fois qu’on parvient à démontrer cette relation. « Cela pourrait expliquer les évènements cardiovasculaires chez les patients qui ont atteint l’objectif tensionnel » ont avancé les spécialistes. Pour arriver à ces conclusions, les investigateurs ont inclus 19 257 hypertendus ayant une pression artérielle moyenne de 164/95 mm de Hg. Rappelons que l'étude ASCOT-BPLA menée dans une population à risque cardiovasculaire modéré a été arrêtée pour réduction de la mortalité totale et cardiovasculaire dans le bras amlodipine/perindopril en plus de la réduction des AVC et des évènements coronaires. Durant 5,5 ans de suivi, la variabilité de la pression artérielle a été évaluée par des mesures répétées de la pression artérielle à intervalles réguliers, au cours de plusieurs consultations. La variabilité était significativement plus élevée dans le groupe traité par l’association ancienne basée sur le bêta-bloquant. De plus, en comparant les 10 % des patients les plus variables aux 10 % des hypertendus les plus stables, les auteurs trouvent un lien fort entre la variabilité et le risque d’accident vasculaire cérébral. Dans le groupe sous bêta-bloquant, les hypertendus ayant une forte variabilité ont un risque d’AVC multiplié par 4,06 par rapport aux patients à faible variabilité. Dans l’autre bras recevant le traitement moderne, le risque d’AVC était multiplié par 3,8 entre les hypertendus « variants » et les plus stables. Une tendance identique se dégage en terme d’accidents cardiovasculaire et coronaires.
Relaxation vasculaire
Le risque d’AVC était diminué de 22 % chez les patients recevant le traitement ICA/IEC par rapport au groupe BB/diurétique, « une différence qui pourrait être entièrement expliquée par la différences en variabilité de pression artérielle » selon l’équipe de Peter Sever (Imperial College, Londres, Royaume-Uni). Car le spécialiste a montré dans la publication de ces observations qu’il vaut mieux une pression artérielle un peu plus élevé et stable qu’une pression ponctuellement plus basse mais très variable dans le temps. Dans le Lancet Neurology, l’investigateur souligne la pertinence de ses travaux en précisant que l’analyse a été effectuée sur 1,1 million de mesures tensionnelles compte tenu d’un effectif de près 20 000 hypertendus suivis régulièrement. Il précise que la mesure ambulatoire ne fait pas aussi bien que la variation tensionnelle entre plusieurs visites. « Dans la sous-étude avec auto-mesure tensionnelle, la variabilité réduite de la pression artérielle systolique n’intervient que partiellement dans la réduction du risque d’évènements cardiovasculaires mais la variabilité de la PAS interconsultation a un effet plus important ». La réduction de la variabilité parmi les patients traités par amlodipine et le périndopril serait liée à un effet plus prononcé sur la relaxation vasculaire périphérique. Enfin, l’équipe de Peter Sever considère que la variabilité devrait être un paramètre entrant en ligne de compte dans le choix de la stratégie thérapeutique.
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