LES RÉUNIONS SE MULTIPLIENT ces derniers jours entre le ministère de la Santé et les associations d'internes (ISNIH, ISNAR-IMG), de chefs de clinique (ISNCCA), de jeunes généralistes (SNJMG) et d'étudiants (ANEMF). Après cinq heures de discussion dimanche soir, les jeunes médecins devaient se rendre au ministère de la Santé hier matin pour tenter de trouver «les conditions d'une sortie de crise». «Notre objectif est aujourd'hui de trouver un terrain d'entente pour que tout le monde sorte la tête haute de ce conflit», confie Emmanuel Gallot, président de l'ISNAR-IMG. «Nous avons entamé une véritable négociation avec une volonté des deux parties de réécrire l'article33 duprojet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) », assure Charles Mazeaud, président de l'ANEMF. Selon nos informations, les discussions entre le directeur de cabinet de Roselyne Bachelot, quatre conseillers ministériels et les représentants des jeunes médecins ont déjà permis de s'accorder sur la nécessité de revoir la rédaction de l'article 33 du PLFSS. Ce dernier cristallise le mécontentement des internes, prévoyant de lier «le conventionnement en fonction de la densité de la zone d'exercice». Il serait désormais question d'inscrire dans le document une meilleure «définition des conditions d'installation». Ce débat devrait se tenir lors des états généraux programmés début 2008, qui doivent se dérouler sous la houlette du Pr Yvon Berland. Initialement dénommés états généraux de la démographie, ils pourraient se transformer en états généraux de l'offre de soins afin de prendre en compte la problématique de l'aménagement du territoire. «Nous voulons avoir l'assurance que ces états généraux seront un préalable absolu aux négociations conventionnelles qui en découleront», explique Emmanuel Gallot. Dans ces conditions, les organisations d'internes, de chefs et d'étudiants resteraient écartées des négociations conventionnelles. Leur éventuelle participation soulevait des problèmes juridiques et n'enchantait pas les syndicats signataires de la convention.
Depuis plusieurs jours, le ton a radicalement changé entre les protagonistes du conflit. Inquiet de l'ampleur prise par le mouvement de contestation, le gouvernement veut éteindre le principal foyer de contestation du PLFSS. Les jeunes médecins font également des concessions et ne demandent plus, comme c'était le cas jusqu'à aujourd'hui, le retrait des articles 30 à 33 du projet de loi. L'ISNIH, l'ISNAR-IMG, l'ISNCCA, le SNJMG et l'ANEMF n'ont pour autant pas remis en cause leur mouvement nationale de grève. Ils escomptent même une forte mobilisation «des médecins, professions paramédicales et patients» lors de la manifestation programmée aujourd'hui dans les rues de la capitale. Ils viennent par ailleurs de lancer une pétition baptisée «Sauver la médecine» sur leur site Internet (1).
Les dernières négociations semblent présager un apaisement dans le milieu médical. La Fédération des médecins de France (FMF) lance «un appel à la poursuite du dialogue amorcé entre la jeune génération et le ministère dans un souci d'apaisements et d'avancées constructives significatives». Le Parti socialiste réclame pour sa part l'ouverture d'états généraux pour l'ensemble des professions de santé et demande que le problème de démographie médicale ne soit pas l'objet de négociations conventionnelles. «C'est un problème qui est de la responsabilité de l'Etat», souligne le Dr Claude Pigement. Le responsable santé national du PS veut croire au retrait des dispositions contestées. «Quand on a tous les internes, les étudiants et les médecins libéraux contre soi, que l'angoisse est aussi forte, l'intelligence guide de négocier», conclut-il.
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