LA MULTIPLICATION des vols sans escale de durée de huit à quinze heures s'est accompagnée d'une nette augmentation des cas de phlébite et d'embolie pulmonaire (75 % des cas recensés par le service médical d'Aéroports de Paris correspondent à des vols de plus de douze heures). La Direction générale de l'aviation civile (Dgac) demande d'ailleurs aux médecins de faire une triade de recommandations à leurs patients qui prennent des longs-courriers : s'hydrater abondamment pour lutter contre l'hémoconcentration, bouger et éviter la compression des membres inférieurs pour limiter la stase veineuse.
Cependant, les problèmes circulatoires ne sont pas les seuls effets nuisibles de l'avion. La baisse de la pression barométrique, et donc de l'oxygène*, a des retentissements sur l'activité cardiaque (augmentation du rythme et du débit cardiaque) et respiratoire (risque d'hypoxie chez les patients souffrant d'insuffisance respiratoire). L'augmentation des volumes gazeux induite est source de barotraumatismes, en particulier dans la sphère ORL (sinusites et otites très douloureuses, aérodontalgies). Enfin, la baisse du taux d'humidité de l'air contre-indique le port de lentilles cornéennes ; elle peut provoquer une déshydratation, voire des coliques néphrétiques...
Des recommandations à la réglementation.
Tous risques qui sont d'autant plus élevés que l'altitude cabine et le temps de vol sont importants. C'est pourquoi la Dgac, en partenariat avec le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), a choisi de consacrer ses Entretiens de médecine aérospatiale, dans le cadre du Salon du Bourget, à la recherche d'une réponse médicale adaptée aux vols très longs-courriers. Le déroutement des très gros-porteurs étant désormais inenvisageable - trop problématique et trop coûteux -, l'aviation civile doit trouver de nouvelles solutions pour assurer la prise en charge des passagers en cas de maladie ou d'accident.
A l'heure actuelle, la réglementation veut que chaque commandant de bord tienne une trousse médicale à disposition des médecins, et que tout hôtesse ou stewart possède une trousse de premiers soins, les navigants étant tous titulaires du brevet de secouriste.
Des mesures qui semblent maintenant insuffisantes. « Bien que l'Oaci (Organisation de l'aviation civile internationale) et la Ceac (Conférence européenne de l'aviation civile) aient beaucoup travaillé pour élaborer des recommandations, elles restent hélas au stade des recommandations. Il faut progresser ! », estime le Dr Paul Ledoux, président du conseil médical de l'aéronautique civile. Parmi les solutions étudiées, la Dgac envisage la création d'un « medical corner », équipé de matériel de réanimation et d'oxygène, le recours à la télémédecine pour permettre la transmission de données objectives (électrocardiogramme, etc.) ou encore la formation de « correspondants médicaux de bord ». « Mais tout cela a un coût, reconnaît le Dr Ledoux : la formation, le matériel, les 4 à 5 places sacrifiées au coin médical... Et le choix des compagnies aériennes reste la meilleure qualité au meilleur prix. »
En attendant de nouvelles mesures réglementaires, certaines compagnies - comme Air France ou TWA - ont pris les devants en passant un accord avec le Samu.
* Les avions de ligne pressurisés maintiennent une altitude cabine comprise entre 1 500 m pour les moyens-courriers et 2 400 m pour les très longs-courriers.
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