Pour chaque classe thérapeutique, les nouvelles recommandations OARSI 2014 donnent trois niveaux de recommandation : recommandé, inapproprié, incertain. « Quand les recommandations sont sorties, elles ont nourri une polémique sur les anti-arthrosiques d’action lente per os et l’acide hyaluronique. Certains ont cru que le niveau de recommandation incertain signifiait que ces traitements étaient inappropriés. Or Incertain, signifie simplement qu’il faut en discuter les indications au cas par cas ».
Traitement pharmacologique selon le phénotype
Le Pr Rannou rappelle que « le traitement non pharmacologique reste le noyau dur de la prise en charge de la gonarthrose, et ce, indépendamment du phénotype, qui n’impacte que le traitement pharmacologique ».
En identifiant 4 grands phénotypes qui orientent et guident le traitement pharmacologique, les nouvelles recommandations OARSI 2014 ouvrent la voie à une prise en charge personnalisée de la gonarthrose non chirurgicale. « Les nouvelles recommandations, indique le Pr François Rannou, bouleversent autant la manière de traiter que celle de présenter les traitements. L’arthrose du genou n’est plus. Elle a fait place à quatre grands phénotypes : la gonarthrose isolée sans comorbidité, la gonarthrose isolée avec comorbidité, la polyarthrose sans comorbidité et la polyarthrose avec comorbidité ».
En l’absence de comorbidité, l’utilisation d’Anti-inflammatoire non stéroïdiens (AINS) per os est possible. En revanche, plus les comorbidités sont nombreuses et sévères (diabète, HTA, maladie cardiovasculaire, insuffisance rénale, saignements gastro-intestinaux, dépression et tout handicap limitant l’activité y compris l’obésité) moins les AINS per os sont indiqués en raison du risque d’effets secondaires cardiovasculaires.
Si la gonarthrose est isolée, les AINS topiques sont privilégiés ; si l’atteinte arthrosique est multiple, la balance bénéfice/risque des AINS se discute au cas par cas.
Un mode d’entrée dans la maladie cardiovasculaire
« Le message le plus important, insiste le Pr Rannou, est que la gonarthrose est un mode d’entrée dans la maladie cardiovasculaire, un mode d’entrée dont on n’a pas l’habitude. Centrer les recommandations de traitement pharmacologique sur la présence ou non de comorbidités doit avoir une conséquence : quand un patient entre dans la pathologie générale par le biais d’une gonarthrose, avant de lui donner un traitement pharmacologique, comme les AINS, il faut systématiquement rechercher des facteurs de risque cardiovasculaire et les prendre en charge. Comme on le fait maintenant systématiquement pour les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde avant de les traiter par biothérapies ».
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