Révolution de la longévité

Vers une politique plus volontariste ?

Publié le 06/02/2005
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MULTIPLICATION des signatures de conventions tripartites, augmentation de la contribution de l'Etat au financement de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), lancement du plan Alzheimer, chantier de l'intergénération, création de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (Cnsa), instauration d'une Journée de solidarité : l'année 2004 a été plutôt féconde dans le secteur des personnes âgées.
« Les Français, en travaillant un jour de plus en 2005, pour la plupart le 16 mai prochain, ont d'ores et déjà participé aux efforts menés par le gouvernement en faveur des personnes âgées », se félicite Catherine Vautrin. Depuis le 1er juillet 2004, les entreprises françaises ont vu leurs cotisations patronales d'assurance-maladie augmenter de 0,3 %. Ces prélèvements ont déjà permis à l'Etat d'augmenter sa contribution au financement de l'APA (400 millions de plus qu'en 2002) et de poursuivre sa politique de médicalisation. Ainsi, 155 millions ont été consacrés en 2004 au recrutement d'aides-soignantes et d'infirmières, tant à domicile qu'en résidences médicalisées (soit l'équivalent de 4 000 emplois qualifiés à temps plein). Ces prélèvements ont également assuré le remboursement d'un emprunt de 400 millions contracté en 2003.

Des ambitions chiffrées.
En 2005, l'apport global de la Journée de solidarité, gérée par la Cnsa, sera de 2 milliards d'euros. Sur ce montant, 1,2 milliard sera alloué aux personnes âgées, tandis que 800 millions iront au handicap. Ces crédits doivent permettre de créer 13 000 places d'accueil de jour et d'hébergement temporaire d'ici à 2007, dont environ 3 250 cette année. Ces structures vont désormais pouvoir se développer de façon autonome grâce au décret « petites unités de vie » (relatif à la médicalisation et à la tarification des prestations de soins) que vient de signer Catherine Vautrin et qui va être promulgué prochainement. Une partie des crédits gérés par la Cnsa permettra de financer, en outre, le démarrage de dispositifs innovants : garde itinérante de jour ou de nuit, accueil de nuit, etc.
Le bilan de la réforme de la tarification pour 2004 marque une progression significative par rapport aux années précédentes (+ 15 % par rapport à 2003, + 26 % par rapport à 2002). En tout, 1 251 conventions tripartites ont été signées l'an passé, ce qui s'est traduit par la médicalisation de 104 000 places en établissement et par la création de 9 470 emplois d'aides-soignantes, d'aides médico-psychologiques et d'infirmières. Chaque convention entraîne en moyenne la création de 7,6 postes. Depuis 2000, les 3 717 conventions signées ont permis, en médicalisant 308 560 lits, de créer 28 160 emplois (dont 6 107 emplois d'infirmières). Sans compter les centaines de créations d'emplois de kinésithérapeutes, d'ergothérapeutes, etc. Pour 2005, sachant qu'il reste quelque 5 000 conventions à signer sur trois ans, Catherine Vautrin s'assigne un objectif de « 1 500 signatures au minimum, compte tenu des capacités d'absorption des Drass et des Dass », sur lesquelles la secrétaire d'Etat entend « maintenir la pression (...) afin de faire sauter les derniers blocages et d'atteindre, dans tous les départements, les objectifs qui ont été fixés ».

Quatre plans et une campagne d'information.
Au programme de 2005 également, « poursuivre, à marche forcée, la mise en œuvre du plan vieillissement-solidarité », avec pour objectif la création de 5 000 nouvelles places en établissement (contre 3 600 en 2004). Dans le cadre du plan urgences gériatrie, des enquêtes nationales vont être instruites par les gériatres afin de préciser l'offre gériatrique actuelle (et programmée) à l'hôpital ; Catherine Vautrin souhaite « augmenter significativement d'ici à 2010 le nombre de professeurs de gériatrie ». Le plan Alzheimer va entrer dans sa phase opérationnelle. Il est prévu de créer 100 consultations mémoire de plus d'ici à 2007 (il en existe actuellement 238) et, à terme, de doter chaque région d'un centre mémoire de ressource et de recherche (il en existe seize à ce jour). La politique d'accompagnement des patients et de leur famille va passer par un renforcement de l'information (outre le « Memento » créé par l'instance Alzheimer, une ligne nationale Info Alzheimer est à l'étude), mais surtout par la création de « structures de répit et de soutien ». Sachant que 75 % des personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer ou d'une maladie apparentée vivent à domicile (y compris à un stade avancé de la maladie), ces structures permettront d'éviter les situations d'épuisement physique, psychique et d'isolement que connaissent trop souvent les aidants familiaux. Le plan de service à la personne âgée, qui sera prochainement dévoilé, contient notamment de telles mesures.
Enfin, le 8 mars, le secrétariat d'Etat aux Personnes âgées lance une campagne d'information et de communication sur les métiers du grand âge. Face aux besoins croissants du secteur, il s'agit de revaloriser les métiers de la gérontologie et d'en assurer une « promotion volontariste » auprès des jeunes. Pour renforcer l'attractivité de ces « métiers de l'humain » et encourager les vocations, Catherine Vautrin table sur une augmentation salariale (+ 23 % pour les aides à domicile d'ici à 2006), un meilleur accès aux métiers du secteur couplé à une reconnaissance des acquis, ainsi que sur la création de « passerelles » entre la gérontologie et les autres secteurs de l'aide à la personne (petite enfance, handicap...).
« Faire face à la révolution de la longévité », après de trop longues années d'attentisme : telle est l'ambition déclarée de Catherine Vautrin.

> HÉLÈNE GRILLON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7682