Établissements hospitaliers

Vers une politique achats de plus en plus étoffée

Publié le 27/02/2012
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Le projet Phare (Performance hospitalière pour les achats responsables) annoncé par la DGOS depuis mi-2011 va entrer dans une phase de déploiement au cours de l’année 2012 afin de produire les premiers résultats fin 2012. Surtout, il veut s’inscrire dans la durée. En capitalisant sur les structures achats nationales et régionales déjà en place, le projet valorise une série d’outils et de démarches qui faciliteront l’atteinte d’un palier en terme de maturité achats.

Le sujet des achats hospitaliers n’est pas nouveau. De fait, on ne part pas de rien. Ainsi, les organisations sanitaires, sociales et médico-sociales disposent d’outils performants pour bien acheter. Et la maturité achats n’a pas à rougir de la comparaison avec d’autres administrations et industries. Les groupements régionaux et nationaux sont nombreux et bien ancrés dans le paysage. Les pratiques en matière de segmentation évoluent et les assouplissements du code des marchés publics multiplient les possibilités de stratégies achats. Cependant, les marges de manœuvres sont très importantes en considérant les achats au sens large et en leur attribuant une dimension stratégique.

Performance durable des achats

Le projet Phare valorise ce caractère multiple et créatif des démarches d’achats. Sans abandonner les leviers de la massification, il s’intéresse à d’autres axes de progrès plus profonds. Le principal bénéfice du projet Phare est d’éviter tout dogmatisme et d’encourager la diversité des solutions. Il intègre des éléments clés de la performance durable des achats. À titre d’exemple, on peut citer la qualité de la relation acheteur/prescripteur, la correcte définition du périmètre géographique des mutualisations, qu’il faut distinguer entre local, territorial, régional, multirégional et national et qu’il faut à examiner en fonction des réalités des marchés fournisseurs. Autres éléments soulignés, la valeur du partage des compétences et de la constitution des réseaux d’acheteurs (fonction anormalement isolée aujourd’hui), la nécessaire montée en compétences des acheteurs et le développement de la culture projet.

Par ailleurs, les petites structures ne sont pas oubliées, même si peu de solutions précises ont été communiquées à ce stade. Les réseaux d’acheteurs, groupements, ARS auront à travailler pour proposer des offres adaptées aux enjeux des organisations pour lesquelles la centrale de référencement ne peut pas être le seul outil à proposer.

Évaluer les résultats

Le projet Phare n’est pas seulement incitatif et offreur de solutions. Plus que toute autre discipline, la thématique achats est indissociable de la logique de résultat. Il ne faut pas simplement agir et faire évoluer nos pratiques, il faut mesurer ses résultats. Le projet Phare ne l’a pas oublié, même si les outils de la mesure de la performance seront complexes à produire. Il y a des marges de manœuvre importantes dans le projet Phare. Mais est-il facile de décliner une politique achats dans son établissement ?

Le fournisseur, un offreur de solutions

La principale difficulté est d’ordre culturel. Trop souvent, et à tous les niveaux de l’organisation, la représentation des achats se limite à sa dimension comptable, juridique, au mieux logistique. L’acheteur est perçu comme un négociateur et un contractant, sinon un administratif. Dans ce cadre, pas de gain achats à espérer, tout au plus quelques pourcentages. A contrario, visualiser les produits et les services dans le cadre de l’organisation générale de l’établissement, identifier les impacts sur l’activité de soins, les conditions d’exercice des métiers, les conditions d’accueil des patients, positionner les produits et les services tout au long de son cycle de production/distribution/consommation/retraitement, permet d’ouvrir les perspectives de performance. Par exemple, l’achat d’un robot de dispensation de médicaments a un impact coût, mais aussi un impact sur le temps soignant, l’organisation des services, la sécurité de la prise en charge médicamenteuse… Dans ce cadre, le fournisseur n’est plus perçu comme un générateur de coût mais comme un offreur de solution. L’acheteur joue alors un double rôle, à la fois facilitateur pour intégrer des solutions fournisseurs performantes et exigeant vis-à-vis de ces mêmes fournisseurs pour veiller à leurs excellences et à la défense des intérêts de l’établissement.

Le projet Phare permet de mener au niveau de l’établissement, et pas simplement au niveau des directions ou des services, une politique achats ambitieuse et adaptée aux contextes locaux. Elle sera conduite par des acheteurs aux périmètres élargis. Pour ce faire, le travail en réseau, les groupements aux formats multiples, les formations seront autant d’outils qui faciliteront leurs montées en com.

Bernard d’Ortho, expert achats secteur sanitaire, social et médico-social, société Boc.

Source : Décision Santé: 282