LES LIVRES de géographie des États-Unis divisent le pays en régions selon leurs spécificités : sun belt, corn belt, bible belt, frost belt… Les médecins ont eux aussi défini des frontières artificielles. La kidney stone belt (ou ceinture de la lithiase rénale), qui comprend les États du sud et de l'Ouest, est une zone où le risque de lithiase urinaire est majoré de 50 % par rapport aux autres régions. Ainsi, les hommes qui habitent au Nouveau-Mexique ont un risque de colique néphrétique de 24 % au cours de leur vie et les femmes de 14 %. Actuellement, 40 % de la population des États-Unis vit dans la kidney stone belt.
Mais qu'en sera-t-il dans les années qui viennent si la température augmente sur le sol américain, puisque des études ont prouvé que le risque de formation de calculs rénaux est directement lié à cette donnée ?
L'incidence des calculs rénaux devrait être majorée de 30 %.
Des urologues du Texas (Drs Yair Lotan et Margaret Pearle) se sont associés à un chercheur en géoscience (Torn Brikowski). Ils ont mis au point un modèle mathématique permettant d'appréhender les modifications de distribution de cette pathologie dans le temps. Ils ont pris en compte les modifications de température et d'hygrométrie selon deux modèles : l'un linéaire, l'autre non linéaire dans lequel des modifications environnementales surviendraient sous forme de paliers.
Si le choix de la modélisation se porte sur un modèle médian de modifications environnementales, 56 % de la population américaine devrait vivre dans une région à haut risque en 2050 et 70 % en 2095. Dans certaines États, l'incidence des calculs rénaux devrait être majorée de 30 % en 2050. Le nombre des personnes traitées annuellement pourrait se situer entre 1,6 et 2,25 millions. Le coût global de prise en charge pour les assurances de santé pourrait se situer entre 0,9 et 1,3 milliard de dollars pour les soins médicaux, les examens de laboratoire et d'imagerie, la prise en charge des complications et le traitement des formes graves (choc septique, insuffisance rénale, lithotrypsie et chirurgie).
Si les modifications environnementales suivent un modèle linéaire en 2050, les zones concernées devraient être limitées à une frontière qui diviserait le pays en deux dans le sens nord-sud. En revanche, si l'on se réfère au modèle non linéaire, certaines régions du nord des États-unis – en particulier Chicago, le Kansas, le Kentucky – pourraient être concernées.
Les auteurs précisent qu'il faudrait aussi prendre en compte les mouvements de population puisque le nombre des habitants concernés pourrait être encore majoré si la tendance actuelle à l'héliotropisme se confirme.
« PNAS », édition avancée en ligne.
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