DES CHERCHEURS américains ont identifié de nouveaux biomarqueurs associés au cancer de la prostate.
La quantification de ces marqueurs, détectables dans le sang et les urines, semble fournir des informations dont la valeur diagnostique est supérieure à celle du dosage de l’antigène spécifique prostatique (PSA).
La mesure de la concentration sérique du PSA s’est révélée un outil précieux pour le dépistage précoce du cancer de la prostate. Cependant, cette méthode diagnostique est loin d’être parfaite. Une concentration sérique en PSA élevée peut refléter l’existence d’un cancer prostatique, mais elle peut aussi correspondre à d’autres maladies de la prostate, telles qu’une hyperplasie bénigne ou une prostatite. Par ailleurs, une faible concentration sérique de PSA n’est pas nécessairement associée à une prostate saine. Le dosage de cet antigène n’est pas une méthode suffisamment sensible pour permettre la détection de l’ensemble des tumeurs de bas grade. C’est pourquoi Bai et coll. ont voulu identifier d’autres biomarqueurs associés au cancer prostatique, plus spécifiques et surtout plus sensibles que le PSA. Dans cet objectif, les chercheurs ont utilisé la méthode dite differential display, une technique de biologie moléculaire qui permet de comparer la concentration d’ARNm présents dans deux échantillons biologiques.
300 ARN dont le niveau d’expression varie.
Dans un premier temps, Bai et coll. ont appliqué la méthode à l’analyse des tissus de sept patients atteints d’un cancer de la prostate. Pour chacun de ces sept cas, les chercheurs ont comparé un échantillon de tissu sain à une biopsie prostatique. Au total, cette expérience les a conduits à mettre en évidence près de 300 ARN dont le niveau d’expression varie selon le statut, sain ou cancéreux, du tissu analysé. Cependant, ces marqueurs sont tout, sauf universels : moins de 20 % d’entre eux se comportent de manière semblable d’un patient à l’autre.
Bai et coll. ont alors eu l’idée de recommencer l’expérience en poolant les échantillon des différents patients. En comparant l’expression génétique mesurée dans dix échantillons de tissu sain à celle détectable dans le mélange des dix biopsies tumorales correspondantes, les chercheurs ont identifié deux ARN présentant un profil d’expression différentielle. Le premier correspond au gène KB208E9 et le second au gène rp11-442e11. La fonction de ces deux gènes reste inconnue, mais le gène KB208E9 possède une homologie importante avec le génome du rétrovirus HERV-K, un virus humain dont des ARN ont été retrouvés dans des lignées cellulaires dérivant de cancers du sein.
L’expression différentielle de ces deux gènes dans les tumeurs prostatiques a ensuite été vérifiée grâce à de nouvelles analyses individuelles. Il est apparu que KB208E9 est surexprimé dans près de 70 % des tumeurs testées (13 sur 19). Le niveau moyen de surexpression mesuré est de 1,96. Le gène rp11-442e11 est, quant à lui, sous-exprimé dans un nombre équivalent de tumeurs (12 sur 19) et son ratio moyen d’expression tissu sain/tissu tumoral atteint 0,89.
Dans le sang et les urines.
Lors d’une dernière série d’expériences, Bai et coll. ont recherché ces deux biomarqueurs dans le sang et dans les urines de neuf patients atteints de formes avancées de cancer de la prostate et de neufs témoins sains.
Chez les patients testés, le dosage du PSA n’indiquait aucune anormalité. En revanche, le ratio KB208E9/rp11-442e11 mesuré dans leurs urines et dans leur sang s’est révélé quatre ou cinq fois supérieur à celui qui a été mesuré chez les témoins. Cette technique pourrait par conséquent constituer une nouvelle méthode de dépistage et de diagnostic du cancer prostatique. Reste maintenant à vérifier sa validité et sa sensibilité chez des patients à un stade précoce de la maladie.
Bai BU et coll. « Proc Nalt Acad Sci USA », édition en ligne avancée.
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