ALORS QUE SONT en cours de rédaction les premiers décrets qui permettront la mise en place de la réforme de l'assurance-maladie, voilà que se dessine déjà la politique du gouvernement en matière de maîtrise des dépenses : l'intention affichée par le ministre de la Santé est de montrer que sa réforme va aider à la modération de la croissance du déficit.
D'où, selon le journal économique « la Tribune », un déficit de la branche maladie que le gouvernement veut limiter à 8 milliards d'euros pour 2005 ; ce que Philippe Douste-Blazy devrait annoncer le 21 septembre aux membres de la commission des comptes de la Sécurité sociale. Un calcul bien optimiste selon certains experts qui rappellent qu'en 2004 ce déficit devrait frôler sinon dépasser les 13 milliards d'euros. Mais le ministre de la Santé et son secrétaire d'Etat à l'Assurance-maladie, Xavier Bertrand, estiment que les premiers effets de la réforme se feront rapidement sentir et donc que la croissance du déficit sera contenue. D'où ce chiffre de 8 milliards d'euros.
Les assurés ne veulent pas changer de comportement.
Pour y parvenir, on sait que les ministres misent en grande partie sur un changement de comportement des assurés et des professionnels de santé. Or, si l'on en croit le sondage CSA publié le 6 septembre par « la Tribune » sur l'état d'esprit des Français en cette rentrée, 55 % des personnes interrogées affirment qu'elles ne sont pas satisfaites de la réforme de l'assurance-maladie et, surtout, 65 % d'entre elles affirment sans ambages que cette réforme ne les incitera pas à changer leurs habitudes en matière de consultations médicales. Voilà qui doit embarrasser le gouvernement, d'autant que les personnes âgées qui sont parmi les plus grandes consommatrices de soins médicaux n'ont absolument pas l'intention de modifier leur attitude.
Le ministre de la Santé n'est pas moins décidé à poursuivre sa croisade en matière de modération de l'évolution des dépenses. Et c'est dans ce cadre qu'il envisage de fixer un objectif national des dépenses d'assurance-maladie (Ondam) compris entre 3,5 et 4 % en 2005, en tout cas inférieur à 4 %. Il devrait figurer dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui sera discuté à l'automne par les parlementaires. Pourtant, on est aujourd'hui sur une évolution des dépenses supérieure à 5 %, alors que l'Ondam 2004 était fixé à 4 %. D'où les doutes qu'inspirent les prévisions du ministre de la Santé.
Dans ce contexte, l'attitude et le comportement des professionnels de santé, et notamment des médecins, seront essentiel. Les responsables du monde médical en sont conscients : ils insistent sur l'importance des négociations conventionnelles qui vont s'engager dans les prochains mois. Et de mettre en avant l'importance d'une signature rapide, avant la fin de l'année. Ce qui est loin d'être acquis.
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