UN NOUVEAU VACCIN contre la typhoïde pourrait bientôt voir le jour : une équipe allemande (Max Planck Institute, Berlin) a identifié une combinaison d'antigènes qui protège efficacement les souris de l'infection par Salmonella enterica. Ce vaccin pourrait constituer la solution tant attendue pour les jeunes enfants qui répondent mal au vaccin antityphoïde actuellement disponible.
Le développement de vaccins protégeant des pathogènes intracellulaires posent un gros problème aux chercheurs : comment déterminer quels sont les antigènes protecteurs les plus immunogènes exprimés par cette classe particulière de micro-organismes ? En ce qui concerne les pathogènes extracellulaires, il a été démontré que les antigènes les plus efficaces pour la vaccination sont des protéines de surface, car elles sont exposées aux cellules du système immunitaire. Mais, pour les pathogènes intracellulaires, cette règle ne tient pas.
Il a été suggéré que les antigènes les plus abondamment exprimés par les micro-organismes intracellulaires au cours d'une infection devaient être les plus aptes à stimuler le système immunitaire de l'hôte infecté. Cependant, cette hypothèse n'a jamais été validée : jusqu'ici, les techniques disponibles ne permettaient pas de mesurer le niveau d'expression des protéines des pathogènes in vivo au cours d'une infection.
Les antigènes les plus abondants.
Rollenhagen et coll. ont finalement réussi à contourner ces limitations expérimentales : en utilisant une souche de salmonelle génétiquement modifiée pour exprimer un antigène modèle fluorescent, ils ont pu démontrer que les lymphocytes T CD4 des souris reconnaissent préférentiellement les antigènes de Salmonella les plus abondants. Ils ont, en effet, observé que plus l'antigène modèle était produit en grande quantité par Salmonella et plus l'induction des cellules T était importante.
Ce résultat a conduit les scientifiques à rechercher les antigènes naturels de Salmonella les plus abondamment synthétisés par la bactérie au cours d'une infection. Dans ce but, une banque de plasmide exprimant l'antigène modèle fluorescent sous le contrôle des promoteurs naturels présents dans le génome de Salmonella a été construite. En utilisant cette banque, Rollenhagen et coll. ont pu identifier 58 gènes fortement exprimés par la bactérie intracellulaire lorsqu'elle a infecté un hôte. Les chercheurs en ont sélectionné cinq dont le produit est facile à produire et à purifier.
Le pouvoir immunogène de ces cinq antigènes a été testé chez la souris. Les animaux ont reçu une injection d'antigènes en sous-cutanée avant d'être infectés par Salmonella. Trois des cinq antigènes testés ont conduit à une réduction de la charge bactérienne mesurée dans la rate des animaux à l'issue de l'infection. Parmi ces trois antigènes, SseB et Mig-14 sont les deux qui ont permis d'obtenir les meilleurs effets protecteurs.
Des souris protégées.
Rollenhagen et coll. ont alors testé l'immunogénicité de la combinaison de ces deux antigènes. Les résultats obtenus sont très prometteurs : alors que les souris contrôles (non immunisées) sont toutes mortes entre six et quinze jours après qu'elles eurent ingéré 2 x 10 puissance 7 ufc de bactéries, six des dix animaux immunisés par SseB et Mig-14 ont survécu au moins cinquante jours après le début de l'infection.
Les résultats de ce travail préliminaire pourraient non seulement déboucher sur la mise au point d'un nouveau vaccin contre la typhoïde, mais ils devraient aussi profiter au développement d'autres vaccins : la méthode expérimentale présentée par Rollenhagen et coll. devrait en effet faciliter l'identification des antigènes les plus immunogènes associés à d'autres pathogènes intracellulaires.
C. Rollenhagen et coll., « Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne avancée, à paraître prochainement sur : www.pnas.org.
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