L'INFECTION urogénitale à Chlamydia trachomatis est l'IST (infection sexuellement transmissible) la plus fréquente chez la femme. Souvent peu ou pas symptomatique, sa diffusion dans la population sexuellement active demeure silencieuse. Pourtant, en l'absence de traitement, les conséquences à moyen ou long terme peuvent être graves : grossesse extra-utérine et infertilité tubaire.
Depuis plusieurs années, les autorités sanitaires mènent une réflexion sur la mise en place d'une stratégie de dépistage en France. D'autant plus que l'amélioration des tests diagnostiques, grâce aux techniques d'amplification génique, permet de proposer des prélèvements non invasifs urinaires, vulvaires, vaginaux ou spermatiques à des personnes asymptomatiques. En cas de résultat positif, le traitement est aujourd'hui codifié (macrolides, cyclines) et un traitement monodose (azithromycine) est possible.
En 2002, 1 343 cas chez la femme.
Le double numéro thématique (n° 20-41/2004) du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » apporte des éléments susceptibles d'orienter le choix de la politique de prévention la plus adaptée, compte tenu de la prévalence en fonction de l'âge, du sexe ou du lieu de consultation : dispensaire antivénérien (DAV) et centre de planning familial (Cpef).
En 2002, 82 laboratoires ont identifié 1 985 clamydioses : 1 343 chez la femme, 642 chez l'homme. La plupart des diagnostics sont réalisés entre 15 et 35 ans chez la femme, avec un maximum entre 20 et 24 ans. Chez l'homme, le diagnostic est plus tardif (20-39 ans). Les cas sont deux fois plus nombreux chez la femme que chez l'homme. Cependant, pour la tranche d'âge 15-19 ans, ils sont douze fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
La présence ou non de signes cliniques est connue seulement dans 55 % des cas. Parmi eux, le pourcentage de prélèvements effectués chez les sujets asymptomatiques est plus élevé dans la population masculine (32 %) que dans la population féminine (27 %), mais à un moindre degré chez les moins de 25 ans (30 %). Les signes les plus fréquents quand ils existent sont chez la femme : une infection génitale basse (leucorrhée, vaginose, cervicite), une douleur pelvienne, une salpingite ou une infection urinaire ; chez l'homme : une urétrite ou une infection urinaire. L'évolution sur deux ans (2000-2002) met en évidence une augmentation de l'activité des laboratoires, surtout privés, avec un nombre de recherches plus important de 17 % chez l'homme et de 8 % chez la femme. Alors que « le pourcentage de prélèvements positifs reste stable chez la femme et a plutôt tendance à diminuer chez l'homme », chez la femme, la proportion des femmes de moins de 25 ans tend à s'élever : 58 % contre 50 % en 2000.
Ces résultats corroborent ceux de l'enquête menée entre janvier 2001 et juin 2002 (75 % des données concernent l'année 2001) sur 8 804 personnes de plus de 14 ans. Elle a montré que, en secteur libéral, les gynécologues sont les principaux prescripteurs de tests (66 % des prescriptions de tests), alors que les services hospitaliers de gynécologie-maternité, les Cdag, les DAV (dispensaires antivénériens) et les Cpef sont les principaux prescripteurs du secteur public. Les prélèvements sont surtout effectués chez des femmes jeunes de moins de 25 ans (38 %), mais les pourcentages de résultats positifs sont plus élevés chez les hommes que chez les femmes, quels que soient l'âge ou le lieu de consultation. Là encore, chez les femmes, les moins de 25 ans sont celles qui ont le plus de résultats positifs, particulièrement dans les lieux de consultations fréquentés par des sujets à risque d'IST : Cdag et DAV.
Réduire la prévalence.
Les conclusions des auteurs confirment les propositions de l'Anaes (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé) de février 2003 : « Si l'on veut réduire la prévalence des infection à C. Trachomatis chez les sujets les plus exposés aux complications, il est souhaitable de définir en France une politique de dépistage chez les femmes âgées de moins de 25 ans. Pour que cette réduction de prévalence soit durable, il faut rompre la chaîne de transmission et donc dépister également les hommes jeunes. »
Ils ajoutent que « si l'on doit définir des priorités sur les lieux de consultations, les Cdag et DAV apparaissent comme les lieux à privilégier ».
Une enquête sur les pratiques de dépistage réalisée en septembre 2002 dans douze départements a montré que la prescription des examens microbiologiques est systématique en cas de signes cliniques évocateurs chez la femme et chez l'homme aussi bien dans les DAV que dans les Cpef. Pour les patients asymptomatiques, la recherche de Chlamydia est fréquente dans les DAV, mais n'est jamais systématique chez les femmes asymptomatiques consultant dans un Cpef.
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