PLUS DE 350 MEDECINS ont participé au 5e Congrès du Collège national des généralistes enseignants (Cnge), qui s'est tenu ce week-end à la faculté de médecine de Lille. Invités à confronter leurs méthodes d'enseignement, ils sont convenus de l'urgence de réformer leur statut et de créer une sous-section de la médecine générale au Conseil national des universités (« le Quotidien » du 26 novembre).
Engagée depuis plusieurs années, la réflexion sur l'avenir de l'enseignement de la discipline a pris une nouvelle tournure cette année avec la création d'un diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine générale.
Invité à débattre des enjeux de cette spécialisation, le Pr Philippe Thibault, conseiller auprès du ministre de l'Education nationale, a indiqué qu'une « réflexion approfondie sur les moyens de mettre en place une filière universitaire de médecine générale » s'imposait. « Il ne s'agit pas de faire un système spécifique dans l'université pour la médecine générale, mais de faire entrer la médecine générale dans l'université », a-t-il ajouté. Le Pr Thibault a annoncé qu'un groupe de travail ministériel se pencherait sur cette question dès réception des propositions du Cnge.
Eviter un nouveau Bichat.
Le Pr Pierre-Louis Druais, réélu président du Cnge pour deux ans, place la création de cette sous-section au Conseil national des universités (CNU) parmi ses objectifs prioritaires. A Lille, il a reçu le soutien de médecins internistes et de représentants syndicaux. Le Pr Jacques Beylot, président de la sous-section « médecine interne, gériatrie et biologie du vieillissement » au CNU a reconnu que le système universitaire actuel ne pouvait être prolongé : « Il n'est pas normal de voir des enseignants de médecine générale proposés à la nomination par des professeurs de biochimie, de biologie cellulaire ou de chirurgie ».
Les Drs Pierre Costes, président de MG-France, et Pierre Lévy, secrétaire général adjoint de la Csmf, ont également affirmé qu'ils appuieraient la demande du Cnge. « Cette année, 62 % des candidats aux épreuves classantes nationales (ECN) ont choisi une spécialité d'internat autre que la médecine générale. Si nous souhaitons inverser cette proportion, il faut valoriser notre discipline », souligne le Dr Costes. Pour l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), la spécialité gagnerait a être connue par les étudiants dès les premier et deuxième cycles afin d'éviter un « nouveau Bichat ». Lors de la procédure de choix de spécialité d'internat dans la faculté parisienne en septembre, plus de 600 étudiants ont préféré invalider leur 2e cycle et repasser les ECN plutôt que de choisir la médecine générale. La présidente de l'Isnar-Img, Pascale Marco, a constaté que « les étudiants les mieux classés aux ECN qui ont choisi la médecine générale avaient réalisé des stages pendant leur externat ». Le Pr Thibault a répondu qu'il trouvait « logique que la médecine générale, devenue spécialité, soit intégrée pendant les stages de 2e cycle ».
A l'issue du congrès, Pierre-Louis Druais, très satisfait par les annonces du conseiller du ministre, entendait « profiter de l'opportunité offerte Cnge pour constituer au mieux la filière universitaire de médecine générale ». Le Collège doit justement remettre ses propositions écrites au ministère de l'Education nationale « d'ici à deux semaines ».
Les jeunes veulent valoriser leur spécialité
Pour le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (Snjmg), le faible engouement des étudiants pour la médecine générale lors du choix des spécialités après les épreuves classantes nationales (ECN) illustre la nécessité de valoriser la discipline dans les études médicales. Le syndicat souhaite que la médecine générale soit représentée au Conseil national des universités (CNU) et demande la création d'un statut de praticien universitaire, praticien ambulatoire (PU-PA). Le Snjmg recommande également la présence de la médecine générale dans les deux premiers cycles de médecine avec la création de stages ambulatoires pour les externes et une sensibilisation des étudiants en médecine dès le premier cycle aux éléments de la relation médecin-malade.
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