« Requiem », de Verdi sur DVD

Verdi en habits de deuil

Publié le 14/05/2006
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ON SE TENAIT pour satisfait, après la parution sur DVD du film de la « Messa da Requiem » (1874), de Verdi, réalisé en 1982 au festival d’Edinburgh sous la direction de Claudio Abbado, superbe concert ayant pour solistes Margaret Price, Jessye Norman, José Carreras et Ruggero Raimondi (Arthaus Musik/distribution Intégral). D’autant qu’existait aussi un document historique indispensable en noir et blanc enregistré à Londres en 1964 sous la direction impérieuse et bouleversante du jeune Carlo Maria Giulini, une des références du XXe siècle pour l’interprétation fidèle de cette oeuvre, avec une jeune Grace Bumbry en voix royale, aux côtés d’Iva Ligabue, Sándor Kónya et Raffaele Ariè (EMI Classic archive).

Mais voici un document qui se hisse au-dessus de cette référence : l’enregistrement au Teatro alla Scala de Milan, avec les forces de ce temple de l’art lyrique sous la direction d’Herbert von Karajan, réalisé par Henri-Georges Clouzot, en janvier 1967, rendu disponible par Deutsche Grammophon par la réédition des fameux films musicaux de la firme Unitel, dont c’est là un des plus beaux fleurons.

La réalisation de Clouzot pouvait paraître novatrice à l’époque avec ses fondus-enchaînés, cette façon contemplative de filmer Karajan, un spectacle en soi. Elle n’est en rien démodé et cela se regarde comme un spectacle, d’autant que la Scala se prête au jeu comme un véritable écrin pour cette oeuvre mélodramatique.

On ne sait que préférer de tous ces magnifiques numéros qui composent une des cinq plus célèbres messes des morts de l’histoire de la musique. Recordare (« Souviens-toi »), duo entre le soprano et le mezzo-soprano, est tout simplement sublime, confié à Leontyne Price et à Fiorenza Cossotto. Ingemisco (« Je gémis ») par un jeune Pavarotti, alors sans barbe ni mouchoir géant, est un moment de grâce total. Le soprano rayonnant de Leontyne Price fait merveille dans l’ Ofertorium. Nicolai Giaurov est géant dans l’air de basse Confuntatis.

Herbert von Karajan en gomme, tant que faire se peut, la part opératique mais l’Orchestre et les Choeurs de La Scala, qui ont leur « Aïda » et leur « Otello » dans les doigts et dans la voix, délivrent le son idéal pour rendre justice à ce monument de l’art sacré de la fin du XIXe siècle.

1 DVD Deutsche Grammophon/Universal, série Unitel.

> O. B.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7959