ANTIQUITES
Chaque vente a ses fleurons. Aux amateurs d'arts primitifs la fascination d'une statuette africaine aux yeux de miroirs, bardée de clous et de cordes, estimée 50 000-70 000 euros, ou, dans la même gamme de prix, la séduction des bijoux d'or précolombiens.
Le beau geste revient, sans jeu de mot, à la Vénus de Milo, star paradoxale des vacations d'art plastique dans sa version moulage du Louvre. Revue et équipée par Bernard Rancillac de deux bras mécaniques, la belle se fait le porte-étendard d'Handicap International, en hommage aux victimes des mines antipersonnel, pour qui elle sera vendue. A votre bon cur, donc, pour la faire grimper au-delà de ses 10 000-15 000 euros d'estimation.
Sur l'échelle des prix, l'Aphrodite antique se heurte à la concurrence déloyale d'une autre dame de plâtre, une petite bonne femme accroupie, haute de 14 centimètres et créditée de 100 000 euros pour la seule raison qu'il s'agit de la toute première sculpture de Picasso, exécutée en 1902 à 21 ans.
Autre surprise, cinq pommes rouges sur une nappe blanche, dont on voit bien qu'elles ne sont pas de Cézanne. Elles portent en effet la signature inattendue de... Courbet en 1871. Privé de modèles vivants et de paysages ouverts pendant son séjour à Sainte-Pélagie, l'artiste trublion se rabattait sur les fleurs et les fruits apportés par sa sur. Ce qui nous vaut cette sympathique composition estimée 220 000-280 000 euros.
La vente de photos qui vient ensuite constitue la toute première d'un nouveau département créé chez ArtCurial. Rien que des stars du genre passées ou présentes, Atget, Lartigue, Abbott, Doisneau... Une classique marine de Le Gray, au ciel nuageux recomposé (15 000-20 000 euros). Mais c'est Nadar qui fait l'événement, avec 13 photos des représentants de l'ambassade du Japon en 1862 qui pourraient atteindre 40 000-60 000 euros. Il s'agit en effet des premiers Japonais ayant mis le pied en Europe. A la suite d'un traité de commerce léonin imposé par les Anglais en 1853, une délégation du shogun était venue faire le tour des capitales occidentales pour alerter la presse et l'opinion, et tenter d'en réviser les termes.
Autre nouveauté chez ArtCurial, la vente de mobilier design qui clôt la série, avec quelques perles rares en guise de locomotives. La plus remarquable, créditée de 75 000-100 000 euros, est un grand paravent de Charlotte Perriand, formé de planchettes de noyer, unique réduction d'un modèle unique conçu en 1969 pour l'ambassade du Brésil à Paris. On retrouve la créatrice dix ans plus tôt (1959) associée à Le Corbusier pour le mobilier d'étudiant du pavillon du Brésil, encore, à la Cité universitaire de Paris.
Un ensemble à la fois fonctionnel et élégant, strictement composé des éléments utiles à un étudiant (table, lit, étagère, penderie, bibliothèque), dont l'élément le plus important est estimé 12 000-15 000 euros.
Lundi 8 décembre (16 h et 21 h), mardi 9 décembre (14 h et 21 h), mercredi 10 décembre (14 h 15, 19 h, 21 h), hôtel Dassault, rond-point des Champs-Elysées, 75008 Paris. Exposition du vendredi 5 au dimanche 7, de 11 h à 20 h, visites guidées le dimanche 7 à 11 h 30 et 16 h.
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