L'Adresse
L'histoire veut que le jeune Alfred Velpeau, fils de maréchal-ferrant, ait eu pour livre de chevet « le Médecin des pauvres » et le « Traité des maladies des artisans ». Alfred Velpeau souhaitait tellement soigner qu'il administra de lui-même de l'ellébore à une femme en psychose puerpérale. Le résultat fut catastrophique à cause de la toxicité de la plante, et on fit appeler le médecin de la bourgade voisine. Ce dernier sermonna le thérapeute en herbe mais fut surpris par l'étendue de ses connaissances et son intelligence.
En décidant d'aider l'apprenti-sorcier à devenir médecin, le praticien de Saint-Paterne allait sceller le destin du futur académicien. En effet, un an plus tard, Velpeau est confié au médecin-chef Bretonneau, de l'hôpital de Tours, pour devenir officier de santé. On lui octroie le surnom de « vile peau » en raison de la simplicité de ses vêtements. Avec Bretonneau, un patron hors du commun, Velpeau ira profaner les cimetières pour prouver que le croup est bien la complication laryngée de la diphtérie. Après Tours, Velpeau gagne Paris pour devenir docteur en médecine et il y est accueilli par Cloquet. Diplômé en 1823, il obtient ensuite l'agrégation de médecine qui lui sert de tremplin pour devenir chirurgien des hôpitaux. Mais son ambition ne s'arrête pas là : il se présente cinq fois pour une chaire à la faculté qu'il obtient en 1833.
De célèbres leçons d'anatomie
Nommé successeur de Boyer à la chaire de clinique chirurgicale, il donne ses visites et ses leçons d'anatomie à la Charité ; elles attireront une foule de médecins et d'étudiants jusqu'à sa mort.
On doit à Velpeau le fameux bandage compressif, inspiré par son maître Bretonneau qui pressentait que « l'air était le vecteur des germes responsable des infections ». Mais la « bande Velpeau » n'est qu'anecdotique car le chirurgien a écrit un nombre considérable d'ouvrages. Son dernier traité, qui compte plus de 2 000 observations de tumeurs mammaires, a beaucoup contribué à la connaissance de la chirurgie du cancer du sein.
Enfin, Velpeau, membre de l'Académie de médecine et de l'Académie des sciences, est connu pour son différent avec les jeunes médecins anglo-saxons qui souhaitaient introduire l'anesthésie à l'éther. « La suppression de la douleur en chirurgie est une chimère, déclarait-il en 1928. Il est absurde de continuer à souhaiter y parvenir. » Vingt ans plus tard, après la présentation de Malgaigne à l'Académie de médecine, Velpeau était forcé de reconnaître que « la chose était de nature à impressionner non seulement la chirurgie mais encore la physiologie, voire même la psychologie ». Tout le monde peut se tromper.
Que reste t-il de Velpeau ?
Une place et un quartier à Tours.
Une rue à Paris, à Antony, à Château-Renaut, à Sainte-Maure-de-Touraine, à La Croix-en-Touraine.
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